Chapô : Sur l’île de Huahine, chercheurs et étudiants du monde entier se retrouvent pour explorer les vestiges de la civilisation polynésienne. Les fouilles menées sur les sites de Fa’ahia et de Maeva lèvent le voile sur l’histoire, les traditions et la vie quotidienne des anciens habitants du fenua.
Un chantier international au cœur du fenua
Du 25 juin au 15 juillet, le Centre international de recherche archéologique sur la Polynésie (CIRAP) pilote une nouvelle campagne de fouilles à Huahine, dans les îles Sous-le-Vent. Ce projet rassemble des chercheurs de l’Université de la Polynésie française, de l’Université Nationale Australienne, de l’Université de Berkeley et de Paris-1 Panthéon-Sorbonne, ainsi que des étudiants enthousiastes venus du fenua et d’ailleurs. Pour la première fois, de jeunes Polynésiens participent activement à un grand chantier archéologique, une opportunité unique d’apprendre et de transmettre leur histoire[1].
Le site de Fa’ahia : un trésor pour la préhistoire polynésienne
Le site de Fa’ahia, déjà étudié par le Dr Sinoto du Bishop Museum dans les années 1970-80, est l’un des plus importants pour comprendre l’arrivée et l’installation des premiers Polynésiens. Les recherches ont permis de mettre au jour des outils, des objets en os et en coquillage, ainsi que des restes d’habitations. Cependant, la datation précise du site et certains aspects de la vie quotidienne restent encore mystérieux, d’où l’importance de ces nouvelles fouilles[1].
- Découverte de structures d’habitat et de plateformes en pierre
- Objets façonnés, outils agricoles, vestiges de la vie domestique
- Échanges de matériaux entre Fa’ahia et Mata’ire’a, témoignant d’un réseau complexe entre les sites[8]
Maeva et Mata’ire’a : un patrimoine exceptionnel
Au nord de l’île, le village de Maeva et la colline de Mata’ire’a abritent la plus grande concentration de marae (temples traditionnels) de Polynésie française. Plus de 60 marae, des plateformes d’habitation, des terrasses agricoles et des murs de fortification témoignent de la richesse de la société polynésienne avant l’arrivée des Européens[9][8]. Le fare pote’e, grande hutte de réunion, reconstituée sur place, permet de mieux comprendre l’organisation sociale et religieuse de l’époque.
« Chaque pierre, chaque marae raconte une histoire, celle de nos ancêtres et de leur savoir-faire, » explique Tiare, guide culturelle à Huahine.
- Visites guidées et panneaux pédagogiques pour les visiteurs
- Expositions d’objets anciens au Fare Pote’e de Maeva[6]
- Restauration des sites pour préserver la mémoire du fenua
Des enjeux scientifiques et culturels majeurs
Les fouilles visent à mieux comprendre la chronologie des occupations, les modes de vie, l’organisation des chefferies et les échanges entre les îles. Les découvertes alimentent les débats scientifiques sur la datation et l’évolution des sociétés polynésiennes, tout en valorisant la transmission des savoirs auprès des jeunes générations du fenua[1][8].
« Participer à ces fouilles, c’est renouer avec nos racines et transmettre notre histoire, » témoigne Hina, étudiante de l’Université de la Polynésie française.
Une invitation à la découverte pour tous
Le site archéologique de Maeva, ouvert toute l’année, propose un véritable parcours initiatique à travers l’histoire polynésienne, entre lagon et montagnes. Les visiteurs peuvent explorer les marae, les vestiges d’habitations et les expositions, tout en profitant de la beauté naturelle de Huahine[5][9].
- Animations et ateliers pour les enfants
- Promenades culturelles le long du littoral et sur la colline de Mata’ire’a
- Rencontres avec les guides et les habitants passionnés par leur patrimoine
Perspectives : préserver et transmettre l’héritage du fenua
À Huahine, l’archéologie n’est pas qu’une affaire de chercheurs : elle concerne toute la communauté, soucieuse de préserver et de transmettre un patrimoine unique. Les fouilles en cours, soutenues par des institutions locales et internationales, participent à la valorisation de l’histoire polynésienne et à l’ouverture du fenua sur le monde.
« Notre passé est vivant, il guide notre avenir, » conclut Teva, habitant de Maeva.