Énergies renouvelables en Polynésie : premiers pas vers l’autonomie

En juin 2009, la Polynésie française engage ses premiers pas vers la transition énergétique. Face à la dépendance au pétrole et à la hausse des prix, le Pays affiche ses ambitions : développer l’hydroélectricité, le solaire ou l’énergie marine, pour garantir l’avenir du fenua et préserver l’environnement.

Un territoire très dépendant des hydrocarbures

En 2009, la Polynésie française dépend à près de 90 % des importations de pétrole pour sa production d’électricité. Cette situation pèse lourdement sur les finances publiques, la balance commerciale et le pouvoir d’achat des familles, tout en exposant le fenua aux fluctuations des cours mondiaux. Tahiti concentre à elle seule près de 80 % de la consommation électrique du territoire, mais la grande majorité des archipels reste alimentée par des groupes électrogènes au gazole.

  • En 2008, la consommation d’électricité a augmenté de 7,4 % par an depuis 2000.
  • La production thermique (fioul, gazole) domine le mix énergétique polynésien.
  • Les énergies renouvelables restent marginales, sauf à Tahiti (hydroélectricité : 33 % de la production locale.

« Depuis 2004, la montée en puissance des énergies renouvelables dans le monde, l’envolée des cours du pétrole, et la problématique du réchauffement climatique ont fait prendre conscience que la question énergétique est un élément central du développement économique du pays, » souligne James Salmon, ministre de l’Énergie en 2009.

La programmation pluriannuelle des investissements (PPI) : une feuille de route pour 2020

En juin 2009, la Polynésie adopte sa première PPI (programmation pluriannuelle des investissements) pour l’électricité. Objectifs : identifier les investissements prioritaires, garantir la sécurité d’approvisionnement, préserver l’environnement et renforcer la lutte contre l’effet de serre.

  • Objectif affiché : atteindre 50 % d’électricité d’origine renouvelable à Tahiti d’ici 2020.
  • Développement de l’hydroélectricité (nouveaux barrages, modernisation des installations existantes).
  • Premiers projets de solaire photovoltaïque sur les bâtiments publics et dans les archipels.
  • Études pilotes sur l’énergie houlomotrice (exploitation de la houle) et sur la climatisation à l’eau profonde (SWAC).

« La Polynésie française parvient à son autonomie énergétique en diversifiant son mix et en maîtrisant ses investissements, » affirme la PPI 2009-2020.

Des freins persistants, mais des initiatives locales

Si la volonté politique est affichée, la réalité du terrain reste complexe : moratoire sur l’hydroélectricité jusqu’en 2008, investissements lourds, contraintes techniques et logistiques dans les archipels, coûts élevés du solaire et du stockage[8][10]. Les communes bénéficient d’un taux de financement de 80 % pour les équipements d’énergie renouvelable, mais la maintenance et la formation restent des défis majeurs.

  • Projet de SWAC (Sea Water Air Conditioning) pour climatiser l’hôpital du Taaone et réduire la consommation électrique
  • Installation de panneaux solaires sur les écoles et bâtiments administratifs
  • Déploiement progressif de centrales hybrides dans les Tuamotu

« Rien. Il ne se passe rien. C’est le constat que l’on peut faire en matière d’énergies renouvelables en Polynésie française, » déplore un ouvrage local publié en 2009, appelant à accélérer le développement des filières vertes.

Perspectives : un tournant à confirmer

En 2009, la transition énergétique polynésienne n’en est qu’à ses débuts. Les ambitions existent, les premiers projets émergent, mais la dépendance au pétrole reste forte, surtout dans les archipels éloignés. Les années à venir devront confirmer la montée en puissance des renouvelables, pour garantir l’autonomie, la protection du lagon et la souveraineté énergétique du fenua.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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