Du 11 au 15 février 2006, les 615 électeurs des Tokelau se prononcent par référendum sur l’avenir de leur archipel. Ce vote, destiné à établir une autonomie en libre association avec la Nouvelle-Zélande, résonne dans tout le Pacifique, de la Polynésie française aux îles Cook
Un archipel minuscule aux enjeux majeurs
Situé à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï, l’archipel des Tokelau ne compte que **1 500 habitants** répartis sur trois atolls : Atafu, Nukunonu et Fakaofo, soit à peine 12,2 kilomètres carrés. Paradoxalement, **5 000 autres Tokélauans** vivent en Nouvelle-Zélande, principalement à Auckland, illustrant une réalité commune à de nombreux territoires du Pacifique : l’émigration vers les métropoles.
- Territoire sans capitale, sans port, ni aéroport
- Budget financé à 80 % par la Nouvelle-Zélande
- Dernière « colonie » néo-zélandaise selon l’ONU
« Ce référendum représente bien plus qu’un simple vote local : c’est un test pour l’autodétermination dans le Pacifique, » observe un diplomate régional.
Le modèle de la libre association : l’exemple des îles Cook
Les Tokelau souhaitent adopter le **statut de libre association** avec la Nouvelle-Zélande, à l’instar des **îles Cook** (15 000 habitants) et de **Niue** (2 000 habitants). Ce modèle permet une autonomie complète dans les affaires intérieures, tout en conservant la citoyenneté néo-zélandaise et l’aide économique de Wellington.
- Autonomie totale sauf pour la défense et les affaires étrangères
- Maintien de la citoyenneté néo-zélandaise pour tous les habitants
- Continuation de l’aide économique et technique
« L’autodétermination n’impliquera pas de changements significatifs, c’est essentiellement une formalisation du statu quo, » explique Phil Goff, ministre néo-zélandais des Affaires étrangères.
Un processus démocratique sous l’œil de l’ONU
Le processus de consultation a débuté sous l’œil attentif des **Nations unies**, soucieuses d’encourager la décolonisation du dernier territoire non autonome de Nouvelle-Zélande. Depuis 2003, les Tokelau gèrent déjà leurs finances et disposent d’institutions autonomes : assemblée générale (General Fono), conseils villageois et appareil judiciaire.
- Seuil requis : **deux tiers des voix** pour valider l’autonomie
- Supervision internationale par l’ONU
- Processus de consultation démarré en 2003
Des enjeux qui dépassent les frontières des atolls
Ce référendum intéresse particulièrement les autres territoires du Pacifique. En **Polynésie française**, où les questions d’autonomie et de statut politique alimentent régulièrement les débats, l’expérience tokélauane est scrutée avec attention. Les **îles Cook** et **Niue**, déjà autonomes, observent également ce vote qui pourrait renforcer le modèle de libre association dans la région.
- Précédent pour d’autres territoires du Pacifique
- Test de viabilité des micro-États insulaires
- Enjeux de souveraineté et de développement durable
« Ce que recherche le Fono, ce sont des assurances claires que le système en place va continuer, » déclare Falani Aukuso, chef de la fonction publique de Tokelau.
Les défis spécifiques aux micro-territoires insulaires
Le cas des Tokelau illustre les **défis communs** aux petits territoires du Pacifique : isolement géographique, dépendance économique, émigration massive, vulnérabilité climatique. Ces enjeux résonnent particulièrement dans les **Tuamotu**, les **Australes** ou les **Marquises**, où les questions de développement et d’autonomie se posent avec acuité.
- Maintien des services publics malgré l’isolement
- Préservation de l’identité culturelle face à l’émigration
- Adaptation aux changements climatiques
Résultats et perspectives pour le Pacifique
Le référendum s’est soldé par un **échec relatif** : 60,06 % de « oui » sur 581 suffrages exprimés, soit moins que les deux tiers requis. Malgré une majorité favorable, les Tokelau restent donc sous tutelle néo-zélandaise, illustrant la complexité des processus d’autodétermination dans les micro-territoires.
« Les Tokélauans ont exprimé leur volonté de changement, mais dans le respect des procédures démocratiques, » souligne Tane Marama, observateur du fenua.
Ce vote, bien qu’infructueux, marque une étape importante dans l’évolution politique du Pacifique et inspire la réflexion sur l’avenir des territoires insulaires, de la Polynésie française aux archipels les plus reculés de l’océan.