Résumé de l’affaire
En juillet 2007, la compagnie aérienne polynésienne Air Tahiti Nui (ATN) s’est retrouvée au cœur d’un scandale sans précédent : 33 membres de son personnel navigant commercial, soit près de 20 % de ses effectifs, ont été mis en examen pour usage, importation et trafic de stupéfiants. Les substances concernées incluaient du cannabis, de la cocaïne, de l’ecstasy et de l’ice. Selon l’enquête, les hôtesses et stewards achetaient principalement ces drogues lors de leurs escales à Los Angeles, avant de les consommer ou de les revendre à Tahiti.
Réactions et mesures disciplinaires
Face à l’ampleur de l’affaire, la direction d’Air Tahiti Nui, alors présidée par Geffry Salmon, a immédiatement suspendu les employés concernés et engagé des procédures disciplinaires. La compagnie a assuré que toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour garantir la sécurité des vols et préserver son image, tout en se portant partie civile dans le dossier.
Cette décision a suscité la colère des syndicats du personnel navigant commercial (SPCN et UNSA), qui ont dénoncé des procédures « abusives » et envisagé un préavis de grève illimitée pour tentative de licenciements jugés hâtifs et illégaux. Les syndicats ont rappelé le principe de présomption d’innocence et regretté que les employés soient « jetés en pâture à l’opinion publique ».
Contexte et précédents
Ce n’était pas la première fois qu’Air Tahiti Nui était confrontée à des affaires de stupéfiants impliquant son personnel. Déjà en 2004 et 2006, des incidents similaires avaient été signalés. Les autorités américaines avaient d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises leur préoccupation quant au comportement de certains équipages lors des escales à Los Angeles, allant jusqu’à surnommer la compagnie « Air Toxic ».
Malgré ces scandales, Air Tahiti Nui avait été régulièrement distinguée pour la qualité de son service, recevant plusieurs prix internationaux dans la catégorie « Best Cabin Staff » pour la région Australie-Pacifique.
Procès et suites judiciaires
Les 33 hôtesses et stewards devaient comparaître en septembre 2007 devant le tribunal correctionnel de Papeete lors d’une audience exceptionnelle. L’affaire a marqué durablement la compagnie et la société polynésienne, soulevant des questions sur la prévention des addictions et la responsabilité des compagnies aériennes en matière de sécurité et d’éthique professionnelle.
Enjeux pour la Polynésie française
Cette affaire a mis en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises polynésiennes exposées à l’international, notamment en matière de contrôle des risques et de gestion des ressources humaines. Elle a également rappelé l’importance de la vigilance collective pour préserver la réputation du fenua et la sécurité des passagers.