Joinville Pomare, reconnu descendant présumé de la famille royale tahitienne, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Papeete. Cette condamnation fait suite à un incident survenu le 11 décembre de l’année précédente, impliquant l’usage d’une arme à feu contre les employés d’une société d’extraction dans la vallée de la Papenoo, côte est de Tahiti. Cette vallée est un lieu que Pomare revendique comme partie de son héritage légitime.
Un incident en pleine montée de tensions
Le matin du 11 décembre 2007, à 8h30, Joinville Pomare accompagné de membres de sa famille et d’amis, est arrivé sur le site d’extraction pour exiger l’arrêt immédiat des travaux. La situation a rapidement dégénéré lorsque Pomare a sorti un pistolet automatique de type 22 long rifle, arme capable de tirer neuf coups en rafale, pour soutenir son injonction. Selon les employés présents, Pomare aurait pointé son arme dans toutes les directions, plaçant les ouvriers sous une menace directe et explicite.
Les déclarations contradictoires
A la barre, Joinville Pomare a affirmé que son geste était destiné à « calmer le jeu » lors de l’altercation. Selon lui, le coup de feu tiré l’a été en l’air et sans intention de blesser quiconque. Son avocat, Me Lau, a expliqué que l’arme de Pomare était « mal entretenue et rouillée », une déclaration ayant pour but de minorer la dangereuse potentialité de celle-ci.
L’exploitant de la société, témoin des événements, a rappelé que Pomare avait affirmé être prêt à utiliser son arme pour protéger ce qu’il considère comme ses terres, allant jusqu’à menacer de mort ceux qui ne quitteraient pas les lieux.
Mise en garde légale et sociale
La présidente du tribunal correctionnel a interrogé Pomare concernant la possession de cette arme non déclarée. Pomare a tenté de se justifier en expliquant qu’il ignorait la nécessité d’une autorisation pour détenir un pistolet automatique. Il a également évoqué des menaces de mort ayant pesé sur lui en raison de son activisme et de ses convictions indépendantistes.
Un verdict révélateur
À l’issue du procès, Joinville Pomare a été condamné à six mois de prison avec sursis, bien en deçà des dix mois requis par le parquet. Ce verdict a suscité son lot de réactions au sein de la communauté, certains voyant en cette peine une justice trop clémente pour un acte potentiellement mortel, tandis que d’autres y ont perçu une décision respectant finalement le droit à la défense de sa terre.
Cependant, l’affaire de Joinville Pomare n’est pas un cas isolé mais bien révélatrice des tensions sociales et foncières qui perdurent en Polynésie française, un monde où les questions de droit et d’héritage se mêlent souvent aux histoires personnelles et ancestrales.
