En mars 2009, à Tahiti, l’association Moruroa e tatou a exprimé des préoccupations concernant le projet de loi français visant à indemniser les victimes des essais nucléaires en Polynésie française et au Sahara. Présenté par Hervé Morin, ce projet de loi est perçu par certains comme un simple « effet d’annonce ». Il incombe principalement au ministère de la Défense de gérer le processus d’indemnisation, une décision qui soulève des inquiétudes.
Un financement et des critères discutés
Le ministre du gouvernement Fillon a annoncé une enveloppe de 10 millions d’euros pour le premier exercice, avec des crédits provenant du ministère de la Défense. Ce projet de loi couvre désormais toutes les phases des essais nucléaires, y compris le démantèlement. Une avancée notable est que la charge de la preuve est inversée; elle n’incombe plus à la victime de démontrer le lien entre sa maladie et les essais nucléaires, et il n’y a plus de référence à un seuil d’exposition. En outre, la liste des maladies indemnisables sera élargie, s’inspirant du comité scientifique des Nations Unies sur les effets des rayonnements ionisants, dépassant celles du code de la Sécurité sociale.
Les préoccupations de Moruroa e tatou
Bien que le gouvernement français reconnaisse les conséquences des essais nucléaires sur les populations et les travailleurs, Moruroa e tatou craint des « manipulations » de l’État concernant ce projet de loi. La reconnaissance officielle est vue positivement, mais le manque de réaction des élus polynésiens est critiqué. L’association, présidée par Roland Oldham, insiste sur l’importance de rester vigilant sur les modalités d’indemnisation proposées.
Critères d’admissibilité et préoccupations géographiques
Moruroa e tatou soulève des questions sur les critères d’admissibilité. L’exigence d’une preuve « directe » d’une maladie induite par exposition aux rayonnements pourrait exclure beaucoup de potentiels bénéficiaires, car peu de gens peuvent démontrer avoir été précisément irradiés. Bruno Barillot, conseiller scientifique, souligne la nécessité d’une présomption de causalité pour les maladies radio-induites. L’association insiste sur le fait que toute la Polynésie française a été affectée par les retombées radioactives, étendant ainsi les zones à risque au-delà des sites de test officiels.
Appel à la responsabilité et à un processus équitable
Moruroa e tatou, tout en attendant le texte définitif du projet de loi, exhorte les responsables politiques à faire preuve de responsabilité. Le projet, centré sur le ministère de la Défense, est critiqué. Oldham questionne la logique d’attribuer à « un tortionnaire » la défense de ses victimes.
Le procès historique attendu à Papeete vise à mettre la France en accusation pour des dommages causés par les essais nucléaires. L’association maintient sa vigilance envers le gouvernement polynésien, qui n’a pas encore réagi à la fin de la collaboration avec le conseiller scientifique. Elle rappelle aussi les impacts écologiques irréversibles des essais sur les atolls de Moruroa et de Fangataufa.
Enfin, Moruroa e tatou souligne la nécessité de créer un conseil d’administration multi-représentatif pour gérer les indemnisations, incluant syndicats et associations, garantissant ainsi une défense adéquate et indépendante pour les victimes.