Sciences sociales : Serge Tcherkézoff plaide pour un mariage de la « franconésie » et de l' »anglonésie »

Sciences sociales : Serge Tcherkézoff plaide pour un mariage de la « franconésie » et de l' »anglonésie »

Lors d’un récent congrès scientifique tenu à Tahiti, Serge Tcherkézoff, écrivain et anthropologue de renom, a présenté en avant-première son dernier ouvrage intitulé « Polynésie/Mélanésie », qui s’attaque aux idées reçues concernant le découpage culturel communément accepté de la région Pacifique. Cet événement a réuni près de 800 scientifiques qui se sont penchés sur divers aspects de la culture et de la politique dans le Pacifique.

L’ouvrage de Serge Tcherkézoff

Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et du Centre de recherches et de documentation sur l’Océanie (CREDO), Tcherkézoff affirme que le livre « Polynésie/Mélanésie » propose une déconstruction historique des visions européennes teintées de racisme et de sexisme sur les peuples d’Océanie, depuis le XVIe jusqu’au XXe siècle. Publié par l’éditeur « Au Vent des Îles », cet ouvrage sera bientôt disponible en librairie à Tahiti et en métropole. Le livre a été lancé en grande pompe lors d’une séance de dédicace à la librairie Odyssey, en présence de l’ethnologue Bruno Saura de l’Université de la Polynésie française. Saura y a également présenté son dernier ouvrage, « Tahiti Ma’ohi ». 

Les thématiques du colloque

Tcherkézoff a animé une session intitulée « Culture et politique » durant l’Inter-congrès des sciences du Pacifique. Au cours du séminaire, il a été souligné qu’il est impossible de discuter de projets sociétaux sans prendre en compte les valeurs et les représentations culturelles spécifiques aux populations océaniennes. Cela est d’autant plus pertinent dans une région où les identités culturelles jouent un rôle majeur. Il est crucial d’intégrer la perception que chaque groupe social a de son environnement.

Participants et enjeux

Environ 80 intervenants provenant non seulement des collectivités françaises du Pacifique mais également de pays insulaires tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, et les États-Unis (Hawaï) ont pris part à cette réflexion. Ces discussions multiculturelles permettent d’aborder l’héritage culturel souvent méconnu ou déformé, à travers une approche pluridisciplinaire, réunissant archéologues, muséologues, ethnologues, économistes, et anthropologues.

Convergences et perspectives

L’une des grandes avancées de ce colloque réside dans le renforcement nécessaire des réseaux d’échanges entre chercheurs francophones et anglophones, créant ainsi une synergie entre ce que l’on pourrait qualifier de « franconésie » et « anglonésie ». L’importance d’une expression complémentaire des concepts scientifiques dans les langues locales a été reconnue. Le colloque a également été le seul événement doté d’une traduction simultanée, facilitant ainsi la communication et l’organisation des présentations en sous-catégories pour des synthèses plus précises.

Un avenir prometteur

Bien que le bilan soit jugé positif, des inquiétudes subsistent quant au financement futur de la recherche. Les discussions ont mis en lumière des préoccupations liées à la réforme du système de recherche en France. Il est impératif de mettre en œuvre les projets d’avenir. Cependant, cette mise en œuvre dépendra de l’allocation de budgets et de la stratégie de recrutement. 

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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