Jeudi matin, l’hémicycle de l’Assemblée de Polynésie française a été le théâtre d’une élection palpitante marquée par l’élection de Philip Schyle à la présidence. Avec une majorité impressionnante de 40 voix, il a devancé Edouard Fritch qui n’a reçu que 14 voix, tandis que deux bulletins restaient blancs. Cette victoire écrasante de Schyle ne masque en rien l’atmosphère tendue qui régnait lors des débats dans l’hémicycle, révélant ainsi une UPLD divisée et en plein tumulte.
Dès 9h30, heure du début de la séance, un air de discorde se faisait déjà sentir. Jacqui Drollet, membre éminent du parti Ia Mana te Nunaa, était notablement absent, ayant affiché son opposition catégorique à toute alliance avec le groupe To Tatou Ai’a, qu’il accusait d’être à la botte du gouvernement français. La présence du To Tatou Ai’a à l’ordre du jour a vu deux élues UPLD, Tamara Bopp-Dupont et Chantal Tahiata, s’abstenir de voter, illustrant une faille supplémentaire au sein du parti.
Édouard Fritch : entre déception et divergence
Dans son discours, Édouard Fritch s’est exprimé avec une émotion palpable sur la dissolution de la réconciliation historique scellée le 7 juillet 2007 avec Gaston Flosse et Oscar Temaru. Il a partagé sa profonde déception face à l’érosion de cette initiative de paix et de réconciliation entre les chefs politiques. Ses premiers mots furent ceux d’un homme « déçu, non pas de perdre [son] mandat mais que ce mouvement de paix et de réconciliation soit réduit à néant ». Il a plaidé pour un retour à des politiques mettant en avant l’intérêt général au-dessus des querelles personnelles.
Coalition sous tension : réactions partagées
Dans le hall de l’assemblée, les partisans de l’ancien président Fritch ne cachaient pas leur mécontentement. Les tensions se cristallisaient au point que des actes symboliques tels que la brûlure du drapeau du Tavini ont eu lieu, démontrant la division et le désaccord avec la nouvelle coalition.
Malaise au sein de l’UPLD
Le dépouillement a mis en lumière des défections au sein de l’UPLD. Trois élus, dont Ismaël Tuahu et Tea Hirshon, ont voté en faveur de Fritch, un acte perçu comme une défiance ouverte contre les directives du leadership. Les gestes et paroles de désaccord ont souligné une fracture visible, dénonçant le manque de concertation lors de cette nouvelle orientation stratégique. Hirshon, sans mâcher ses mots, a déclaré ne pas comprendre l’attitude d’Oscar Temaru et affirme : « Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. »
Vers un avenir politique incertain
Ce vote et ses répercussions laissent présager de nombreuses incertitudes pour l’avenir politique de la Polynésie française. Tandis que Gaston Flosse quittait précipitamment la scène, un silence pesant s’est installé. Oscar Temaru, dans une tentative de minimiser les dissensions, a déclaré qu’il s’attendait à cette issue du vote, affirmant une préscience de la situation : « J’avais prévenu : ne me mettez pas là-haut pour ensuite me planter des couteaux dans le dos. Je n’accepterai plus jamais ça. »
La politique en Polynésie française semble entrer dans une période de turbulences et de réorientation où les alliances ponctuelles et changements de direction rapide pourraient devenir monnaie courante. Les prochains jours verront sans doute l’émergence de nouvelles stratégies et probablement de nouvelles alliances au sein de l’Assemblée pour naviguer dans cette atmosphère politique complexe et dynamique.