Greenpeace veut freiner la pêche aux thons dans le Pacifique

Face à la pression croissante sur les stocks de thon, Greenpeace appelle à des mesures urgentes pour limiter la pêche industrielle dans le Pacifique. Un enjeu majeur pour la biodiversité, l’économie et la souveraineté alimentaire en Polynésie française.

 

Une ressource sous pression dans tout le Pacifique

Le thon, poisson emblématique des océans tropicaux, est au cœur de l’alimentation et de l’économie des îles du Pacifique. Mais depuis plusieurs années, les scientifiques et ONG alertent sur la surexploitation des stocks, en particulier pour le thon albacore et le thon obèse. Les flottes industrielles, venues d’Asie, d’Europe ou d’Amérique, capturent chaque année des centaines de milliers de tonnes, mettant en péril l’équilibre marin et les moyens de subsistance locaux.

  • Le thon représente une ressource alimentaire essentielle pour les familles polynésiennes.
  • La pêche industrielle domine largement les captures, au détriment des pêcheurs artisanaux du fenua.
  • Les stocks de thon rouge et d’albacore sont jugés préoccupants par les experts internationaux.

L’appel de Greenpeace : moratoire et gestion durable

En décembre 2009, Greenpeace a lancé une campagne régionale pour réclamer un moratoire sur la pêche aux thons dans certaines zones du Pacifique. L’ONG demande la création d’aires marines protégées, la réduction des quotas de pêche industrielle et un soutien renforcé à la pêche artisanale. Selon Greenpeace, il s’agit d’éviter l’effondrement des stocks et de préserver la sécurité alimentaire des populations insulaires.

« Si rien n’est fait, nos enfants risquent de ne plus jamais voir de thon dans nos lagons, » alerte un représentant de l’association à Papeete.

  • Proposition de sanctuariser les zones de frai et de migration du thon dans le Pacifique central.
  • Renforcement des contrôles sur les navires étrangers opérant dans les ZEE des pays insulaires.
  • Soutien à la pêche locale, respectueuse des écosystèmes et génératrice d’emplois durables.

Réactions et enjeux pour la Polynésie française

En Polynésie, la pêche au thon occupe une place centrale dans l’économie bleue : elle alimente le marché local, soutient des centaines d’emplois et contribue à l’exportation vers l’Asie et l’Europe. Les pêcheurs polynésiens, souvent regroupés en petites coopératives, expriment leur inquiétude face à la concurrence des grands navires-usines et à la raréfaction des prises.

« Nous pêchons de façon traditionnelle, mais nos revenus baissent chaque année. Il faut protéger notre océan, » témoigne Tane Marama, pêcheur aux Tuamotu.

  • Débat sur l’équilibre entre développement économique et préservation des ressources.
  • Attente d’un meilleur partage des quotas et d’un contrôle accru des licences de pêche étrangères.
  • Initiatives locales pour promouvoir la pêche durable et la traçabilité des produits du fenua.

Des mesures déjà en place, mais des défis persistants

La Polynésie française a mis en œuvre plusieurs mesures pour préserver ses ressources halieutiques : limitation du nombre de navires, surveillance renforcée des zones économiques exclusives (ZEE), campagnes de sensibilisation auprès des pêcheurs et du grand public. Toutefois, la surveillance reste difficile sur un territoire maritime immense, et les moyens manquent pour lutter contre la pêche illégale ou non déclarée.

  • Mise en place de patrouilles maritimes et de radars de surveillance.
  • Collaboration avec d’autres États insulaires du Pacifique pour la gestion des stocks migrateurs.
  • Partenariats avec des ONG et des instituts de recherche pour le suivi scientifique des populations de thon.

Un enjeu régional et international

La question de la pêche au thon dépasse les frontières de la Polynésie. Elle mobilise l’ensemble des pays du Pacifique, réunis au sein de la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC), qui fixe chaque année les quotas et les règles de gestion. Les négociations sont souvent tendues entre pays producteurs et grands consommateurs, chacun défendant ses intérêts économiques et alimentaires.

« Nous devons défendre notre droit à gérer nos ressources, mais aussi penser à l’avenir des générations futures, » rappelle Hina Poma, bénévole associative à Moorea.

  • Participation active de la Polynésie française aux conférences régionales sur la pêche durable.
  • Appel à la solidarité entre États insulaires pour peser face aux grandes puissances maritimes.
  • Intégration des savoirs traditionnels dans les politiques de gestion des ressources marines.

Perspectives : vers une pêche responsable et partagée

L’appel de Greenpeace relance le débat sur l’avenir de la pêche au thon dans le Pacifique. Pour la Polynésie française, il s’agit de concilier la préservation de la biodiversité, la souveraineté alimentaire et le développement économique du fenua. Les initiatives locales, associant pêcheurs, scientifiques et associations, montrent la voie d’une gestion partagée et durable des ressources marines.

« Protéger le thon, c’est protéger notre avenir et celui de nos enfants, » conclut un jeune pêcheur de Raiatea.

La mobilisation de tous, du lagon aux instances internationales, sera décisive pour garantir la pérennité de cette ressource vitale et la transmission des savoirs du fenua aux générations futures.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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