États généraux du numérique : quelle économie numérique pour la Polynésie ?

Organisés en mai 2010, les États généraux du numérique ont réuni à Papeete et dans les archipels acteurs publics, entrepreneurs, associations et citoyens. Objectif : dessiner ensemble l’avenir de l’économie numérique du fenua, entre inclusion, innovation et adaptation aux réalités insulaires.

Un rendez-vous inédit pour le fenua

Pour la première fois, la Polynésie française a consacré une large concertation à la transition numérique, enjeu clé pour l’avenir des cinq archipels. Les États généraux du numérique ont permis de dresser un état des lieux des usages, des besoins et des attentes, mais aussi d’identifier les freins et les leviers pour bâtir une économie numérique adaptée à la diversité du territoire.

  • Forums, ateliers et tables rondes à Tahiti, Moorea, aux Tuamotu et aux Marquises
  • Participation de chefs d’entreprise, enseignants, étudiants, élus, associations et habitants
  • Débats sur la connectivité, l’emploi, la formation, la culture et la souveraineté numérique

Des inégalités d’accès et des attentes fortes

Si la couverture Internet progresse à Tahiti et dans les principales îles, de nombreux habitants des archipels éloignés restent confrontés à des connexions lentes ou instables. L’accès aux outils numériques, aux services en ligne et à la formation demeure un défi quotidien pour les familles, les entreprises et les jeunes du fenua.

« Dans notre île, la connexion coupe souvent. Pour travailler ou étudier, c’est parfois compliqué, » explique Tane Marama, chef d’entreprise aux Tuamotu[2].

  • Besoin d’investir dans les infrastructures (fibre optique, satellites, réseaux mobiles)
  • Développement de solutions adaptées aux réalités insulaires
  • Accompagnement des publics fragiles : seniors, jeunes, habitants des îles éloignées

Former, innover, entreprendre : les piliers d’une économie numérique locale

Les États généraux ont mis en avant l’importance de la formation et de l’accompagnement des jeunes, pour qu’ils deviennent acteurs de la transformation numérique. Les entreprises du fenua, du tourisme à l’artisanat, voient dans le numérique un levier de développement, d’innovation et d’ouverture sur le monde.

« Le numérique, c’est une chance pour nos jeunes de créer, d’innover, de rester connectés au fenua tout en s’ouvrant à l’international, » souligne Tehani Teriipaia, chargée de communication à Papeete[2].

  • Création de start-ups et d’initiatives locales dans le e-commerce, la culture, l’éducation
  • Valorisation des langues et des savoir-faire polynésiens grâce aux plateformes numériques
  • Développement d’outils pour le tourisme, la santé, l’administration en ligne

Des défis spécifiques pour les archipels

L’éloignement géographique, le coût des équipements et la taille réduite des marchés imposent à la Polynésie d’inventer ses propres modèles. Les participants ont insisté sur la nécessité d’une économie numérique inclusive, capable de réduire la fracture entre Tahiti et les autres îles.

  • Renforcer l’accès aux formations numériques dans les Marquises, les Australes, les Gambier
  • Encourager la mutualisation des ressources et des compétences entre communes
  • Soutenir les projets associatifs et citoyens pour l’inclusion numérique

« Le numérique doit être un outil de solidarité et de développement pour tous les archipels, » insiste Hina Poma, bénévole associative à Moorea[2].

Vers une souveraineté et une identité numérique polynésienne ?

Au-delà des enjeux techniques et économiques, les États généraux ont ouvert le débat sur la souveraineté numérique : comment garantir la protection des données, la valorisation de la culture locale et l’autonomie du fenua face aux grands acteurs mondiaux ?

  • Promotion des contenus en reo tahiti et des patrimoines culturels sur Internet
  • Développement de logiciels et de plateformes adaptés aux besoins locaux
  • Dialogue entre institutions, entreprises et société civile pour une gouvernance partagée

Perspectives : une feuille de route pour l’avenir

À l’issue des États généraux, plusieurs pistes d’action ont été retenues :

  • Investir dans les infrastructures numériques pour tous les archipels
  • Renforcer la formation et l’accompagnement des jeunes, des seniors et des entrepreneurs
  • Soutenir l’innovation locale et la création de contenus polynésiens
  • Favoriser la coopération régionale et internationale pour partager les bonnes pratiques

« L’économie numérique est un moteur d’avenir pour la Polynésie, mais elle doit rester au service de nos valeurs et de notre diversité, » conclut un élu du gouvernement.

Conclusion : un numérique au service du fenua

Les États généraux du numérique ont posé les bases d’une stratégie ambitieuse et inclusive pour la Polynésie française. Entre défis techniques, formation, innovation et valorisation de l’identité locale, le numérique s’affirme comme un levier majeur pour l’avenir du fenua et de ses cinq archipels. Reste à transformer ces ambitions en actions concrètes, pour que chaque Polynésien, de Tahiti aux îles les plus éloignées, puisse pleinement bénéficier de la révolution numérique.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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