Le président du Pays, Oscar Temaru, a officiellement donné le coup d’envoi des Assises du service public de la Polynésie française, un événement marquant visant à réformer les services publics dans une région en quête de restructuration. Les conférences et tables rondes ont déjà débuté, et se poursuivront par des ateliers et débats pour une restitution complète des travaux prévue le 23 juin.
Un récent sondage de la SOFRES a révélé que les Polynésiens expriment un mécontentement vis-à-vis des services publics. Oscar Temaru, loin d’être « étonné » par ce constat, a saisi cette occasion pour insister sur l’urgence de réformer ces services afin d’améliorer leur efficacité et leur accessibilité.
La question des salaires dans la fonction publique a également été soulevée par Temaru, qui s’est dit « surpris » par une récente augmentation des salaires à la Caisse de prévoyance sociale (CPS), qualifiant cette hausse d' »indécente ». Il n’a pas exclu une éventuelle réduction des salaires dans le secteur public pour lutter contre une « société à double vitesse » en Polynésie, où certains bénéficient de plus de ressources que d’autres. « On peut faire mieux avec moins de moyens », a-t-il préconisé.
Richard Didier, haut-commissaire, a exprimé son soutien à cette initiative d’auto-critique, bien qu’il ait noté que ce problème n’était pas exclusif à la Polynésie mais reflétait également des défis observés en métropole, tels que le gel des salaires et la réduction des effectifs à travers le non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite.
De son côté, Luc Tapeta-Servonnat, président du MEDEF Polynésie, a accueilli avec intérêt ces Assises. Il a souligné que le service public en Polynésie était devenu « inopérant et coûteux », mettant également en lumière le besoin de repenser l’interventionnisme du gouvernement dans des secteurs qui pourraient relever du privé.
Yolande Vernaudon, en charge de la refonte du service public, a précisé que l’objectif des Assises était de révoquer le périmètre du service public et de redéfinir l’intérêt général. Elle a mis en lumière que l’une des priorités devrait être de réduire de 30% les dépenses de fonctionnement de l’administration grâce à l’optimisation des ressources et des restructurations stratégiques.
Julien Vucher-Visin, représentant de l’Institut de la Statistique de la Polynésie Française (ISPF), a fourni des statistiques préoccupantes sur la situation de l’économie polynésienne, illustrant un secteur de la construction sinistré et un taux préoccupant de ménages vivant dans la pauvreté. Ces indicateurs renforcent la nécessité des réformes envisagées.
Il est désormais critique d’engager ces débats qui marqueront l’avenir de la Polynésie française, face à une conjoncture mondiale difficile et à des perspectives économiques incertaines. Les conférences et ateliers se poursuivront jusqu’à la restitution finale prévue fin juin, un événement attendu par tous les acteurs impliqués.