Du 14 au 18 décembre 2011, les États généraux du multilinguisme dans les outre-mer ont réuni à Cayenne 250 participants venus des cinq océans. Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a salué la richesse des langues polynésiennes et appelé à une politique linguistique ambitieuse pour préserver ce patrimoine exceptionnel.
Un rendez-vous historique pour les langues d’outre-mer
Organisés en Guyane dans le cadre de l’Année des outre-mer, ces États généraux constituent une première dans l’histoire de la République française. Ils visent à définir une politique des langues spécifique aux territoires ultramarins, où plus de cinquante langues coexistent avec le français. La Polynésie française était représentée par une délégation venue témoigner de la vitalité du reo tahiti, des langues marquisiennes et des défis de transmission dans les archipels.
- 250 participants venus de tous les territoires d’outre-mer
- Objectif : concilier maîtrise du français et valorisation des langues régionales
- Focus sur l’éducation, les médias, la vie culturelle et sociale
« Aucune langue n’est, sans le concert des autres », a rappelé Frédéric Mitterrand, citant Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant.
La Polynésie française, laboratoire du multilinguisme
Dans son intervention, le ministre de la Culture a mis en avant l’apport exceptionnel de l’outre-mer à la richesse culturelle française. Il a notamment salué « l’art oratoire tahitien, Orero » et souligné que « si la France fait entendre sa voix dans le concert des musiques du monde, c’est à l’outre-mer qu’elle le doit ». La délégation polynésienne a présenté les initiatives locales de préservation et de transmission du reo tahiti, ainsi que les défis spécifiques aux archipels éloignés.
- Valorisation de l’art oratoire polynésien (Orero) et des traditions orales
- Présentation des écoles bilingues et des programmes d’immersion linguistique
- Témoignages sur la transmission intergénérationnelle dans les familles
« Le reo tahiti est notre mémoire vivante, notre lien avec les tupuna. Ces États généraux nous permettent de partager nos expériences avec d’autres territoires », confie un représentant de la délégation polynésienne.
Des enjeux partagés entre tous les territoires
Les débats ont mis en lumière des défis communs à tous les territoires ultramarins : comment organiser la coexistence du français et des langues locales ? Comment lutter contre l’illettrisme tout en préservant la diversité linguistique ? Comment transmettre aux jeunes générations un patrimoine menacé par la mondialisation ?
- Nécessité d’un bilinguisme équilibré dans l’éducation
- Développement de contenus culturels et médiatiques en langues locales
- Formation des enseignants et des professionnels de la culture
« Il s’agit d’engager une discussion ouverte sur la pluralité des langues dans notre vie sociale », a souligné Frédéric Mitterrand[6].
Recommandations pour une politique linguistique ambitieuse
À l’issue des trois journées de travaux, les participants ont formulé des recommandations concrètes pour préserver et développer les langues d’outre-mer. Parmi les mesures proposées : renforcement de l’enseignement bilingue, création de contenus numériques, soutien à la production culturelle en langues locales, et formation des acteurs éducatifs et culturels.
- Développement de l’enseignement bilingue dès le plus jeune âge
- Création de ressources pédagogiques et numériques adaptées
- Soutien à la création artistique et littéraire en langues locales
- Renforcement de la place des langues régionales dans les médias
Perspectives pour la Polynésie française
Pour la Polynésie française, ces États généraux marquent une reconnaissance officielle de la richesse linguistique du fenua et ouvrent la voie à de nouveaux partenariats avec l’État et les autres territoires ultramarins. Les recommandations adoptées pourraient inspirer de nouvelles politiques publiques en faveur du reo tahiti et des langues des archipels.
« Ces États généraux sont un repère et un signe positif pour les jeunes générations qui auront à sauvegarder la polyphonie du monde », a conclu Frédéric Mitterrand.
Un message d’espoir pour tous ceux qui, dans le fenua et ailleurs, œuvrent chaque jour à la transmission de ce patrimoine linguistique exceptionnel.