Échouage de dauphins pilote à Hiva Oa

Échouage de dauphins pilote à Hiva Oa

La découverte d’une vingtaine de dauphins-pilotes, aussi appelés globicéphales, échoués sur la plage isolée d’Eiaone, à Hiva Oa, bouleverse la communauté marquisienne et relance le débat sur la fragilité des cétacés dans les eaux polynésiennes. Cet événement met en lumière le lien profond entre les Polynésiens et ces mammifères marins, symboles culturels et sentinelles de la santé de l’océan.

Un échouage d’ampleur aux Marquises

Mardi 23 avril 2025, la vallée d’Eiaone à Hiva Oa a été le théâtre d’un spectacle dramatique : treize dauphins-pilotes adultes ont été retrouvés morts sur la plage, tandis que sept autres cétacés flottaient encore au large lors de l’arrivée des secours. Alerté par des habitants, le Réseau des Gardiens de l’Océan (RGO) a immédiatement déclenché la procédure d’intervention, mobilisant la gendarmerie, la police municipale, la commune et la subdivision de l’Équipement pour constater les faits et organiser l’enterrement des animaux sur place, conformément aux recommandations sanitaires et environnementales.

Selon Aeata Richert, gestionnaire du RGO à Hiva Oa, la cause la plus probable de cet échouage massif serait la désorientation du chef de groupe. Les dauphins-pilotes sont des cétacés sociaux qui suivent instinctivement leur leader. Si ce dernier est malade, blessé ou perturbé par des facteurs externes – comme des anomalies magnétiques, des conditions météorologiques défavorables ou des pollutions sonores sous-marines – il peut entraîner tout le groupe vers des zones dangereuses, jusqu’à l’échouage.

Un phénomène récurrent et préoccupant

Cet incident s’inscrit dans une série d’échouages survenus ces dernières années aux Marquises : en 2018, onze cétacés de la même famille avaient été retrouvés morts, et en 2022, quatre dauphins-pilotes s’étaient échoués à Atuona, dont deux avaient pu être sauvés grâce à la mobilisation de la population et des autorités locales. Ces événements illustrent la vulnérabilité des globicéphales et autres cétacés face à des facteurs naturels et humains, et rappellent l’importance d’une vigilance collective.

Un lien ancestral entre les Polynésiens et les cétacés

Au-delà du drame écologique, cet échouage résonne profondément dans la culture polynésienne. Les baleines (tohora), dauphins-pilotes et autres cétacés (‘ou’a) occupent une place centrale dans les légendes, les rituels et l’art du fenua. Considérés comme des messagers des dieux ou des ancêtres, ces mammifères marins sont vénérés pour leur sagesse, leur puissance et leur rôle de protecteurs. Depuis 2002, la Polynésie française s’est affirmée comme un sanctuaire pour les cétacés, témoignant du respect et de l’engagement des Polynésiens pour la préservation de cet héritage naturel et culturel.

« Les baleines sont souvent vues comme des messagers des dieux ou des âmes des ancêtres. Cette relation sacrée se ressent encore aujourd’hui dans la manière respectueuse dont les Polynésiens interagissent avec ces géants des mers », rappelle un spécialiste de la culture mā’ohi.

Les associations locales en première ligne

Des associations telles que Oceania et le Réseau des Gardiens de l’Océan œuvrent au quotidien pour la protection, la recherche et la sensibilisation autour des cétacés. Elles interviennent lors des échouages, collectent des données scientifiques, organisent des actions de formation et de prévention, et encouragent la population à signaler toute situation anormale. Oceania, par exemple, développe des programmes de surveillance pour limiter les collisions entre navires et mammifères marins, et recense les populations de baleines et de dauphins-pilotes pour mieux comprendre leurs migrations et leurs besoins.

Préserver un patrimoine vivant

L’échouage de Hiva Oa rappelle l’urgence de protéger les dauphins-pilotes et autres cétacés, véritables sentinelles de la santé des océans polynésiens. Leur sauvegarde passe par une meilleure connaissance des causes d’échouage, la réduction des impacts humains (pollution sonore, collisions, surpêche) et la mobilisation de tous, habitants, associations et autorités. Pour aller plus loin sur la conciliation entre tourisme et protection de la vie marine en Polynésie, lire aussi notre article : Plongée en Polynésie : Tourisme et préservation des fonds marins .

Au-delà de leur rôle écologique, ces mammifères marins incarnent un lien vivant entre la nature et la culture polynésienne, un héritage à transmettre aux générations futures.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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