Déchets et énergie : Faa’a mise sur la pyrolyse pour innover

Déchets et énergie : Faa’a mise sur la pyrolyse pour innover

Face à la saturation des centres d’enfouissement et à la dépendance énergétique, la commune de Faa’a, dirigée par Oscar Temaru, lance une étude sur la pyrolyse pour transformer ses déchets en énergie. Un projet pilote qui pourrait inspirer d’autres îles de Polynésie française.

Une « solution miracle » pour Faa’a ?

Depuis plusieurs années, la gestion des déchets et l’indépendance énergétique sont des défis majeurs pour la Polynésie française. Oscar Temaru, maire de Faa’a, estime avoir trouvé une « solution miracle » en s’associant à la société californienne NESCO pour développer un projet de transformation des déchets ménagers en pétrole synthétique, grâce à la technologie de la pyrolyse.

« Les études que nous lançons diront ce qu’il est possible de faire. Le problème ici, ce sont les déchets, comme dans pleins d’îles. L’autre problème, c’est l’approvisionnement en énergie, de pétrole, tout ou presque est importé », explique Jason Davies, manager chez NESCO, partenaire du projet.

Comment fonctionne la pyrolyse ?

La pyrolyse consiste à chauffer les déchets à très haute température (plus de 800°C) dans un environnement pauvre en oxygène, évitant ainsi la combustion. Ce procédé décompose la matière organique en trois produits : un solide carboné, une huile (pétrole synthétique) et un gaz. L’unité envisagée à Faa’a serait « modulable » et facilement déployable dans d’autres archipels, avec une capacité de traitement de plusieurs tonnes par jour.

Une fois lancée, l’installation serait autosuffisante en énergie, utilisant une partie du gaz produit pour son propre fonctionnement.

Un enjeu local et polynésien

Faa’a, qui génère environ 50 tonnes de déchets par jour, n’est pas reliée au service intercommunal Fenua Ma et gère ses déchets de façon indépendante. La commune fait face à des défis techniques, comme l’usure rapide des camions de collecte sur un relief escarpé, mais Oscar Temaru défend sa « méthode » et souhaite la partager avec d’autres communes :

« C’est la seule commune où il n’y a pas de problème », affirme-t-il, citant l’absence d’incendie sur la décharge de Mumuvai, contrairement à d’autres sites.

Le projet de pyrolyse s’inscrit dans le Schéma territorial de prévention et de gestion des déchets qui prévoit, avant 2035, la mise en service d’unités de valorisation énergétique et la montée en puissance des énergies renouvelables.

Vers l’indépendance énergétique ?

La Polynésie française dépend encore largement des importations de carburants fossiles. La transformation des déchets en pétrole synthétique ou en électricité pourrait réduire cette dépendance et s’inscrire dans la stratégie de transition énergétique du Pays, qui vise 75 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030.

Le fonds de transition énergétique (60 M€ sur 2023-2026) soutient ce type d’initiatives, en encourageant l’innovation locale et la souveraineté énergétique des archipels.

Des défis à relever

Si la pyrolyse offre des perspectives prometteuses, le projet doit encore franchir plusieurs étapes : étude de faisabilité, adaptation de la technologie aux déchets locaux, financement, et acceptation par la population. La commune devra aussi répondre aux exigences environnementales et sanitaires, alors que la décharge de Mumuvai a déjà été épinglée par la justice

Un modèle pour les îles ?

Pour Oscar Temaru, la pyrolyse pourrait devenir un modèle exportable dans les autres archipels, grâce à des unités compactes et modulables. Ce projet, s’il aboutit, pourrait marquer une étape importante vers une gestion plus durable des déchets et une plus grande autonomie énergétique pour la Polynésie française.

La rédaction de Tahiti Presse continuera de suivre l’évolution de cette initiative, qui illustre la capacité d’innovation et de résilience des communes polynésiennes face aux défis du Fenua.

À lire également : Oscar Temaru récupère 11,6 millions de francs : un nouveau chapitre dans l’affaire Radio Tefana

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x