La transition énergétique à Tahiti : 50 % d’électricité renouvelable, enjeux et défis

La transition énergétique à Tahiti : 50 % d’électricité renouvelable, enjeux et défis

Au premier trimestre 2025, Tahiti a franchi un cap historique : la moitié de son électricité provient désormais d’énergies renouvelables. Un tournant majeur qui traduit la volonté du Pays de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, mais qui soulève aussi de nouveaux défis pour l’économie locale, l’environnement et la société polynésienne.

Un bond du solaire, moteur de la transition

Selon le dernier communiqué du gouvernement, la part des énergies renouvelables dans la production électrique de Tahiti a atteint 50 % début 2025, contre 43 % un an plus tôt. Cette progression s’explique en grande partie par la mise en service de quatre nouvelles centrales solaires, issues d’un appel à projets lancé en 2021. Le photovoltaïque représente désormais 19 % du mix énergétique local, contre seulement 8 % l’an dernier, compensant une production hydroélectrique en légère baisse.

Le Pays poursuit sur cette lancée avec un nouvel appel à projets pour 25 MWc de solaire supplémentaires, tout en visant l’objectif de 75 % d’énergies renouvelables fixé pour 2030 par le code de l’énergie. Ce dynamisme s’appuie sur le Fonds de transition énergétique (FTE), qui a déjà permis de financer 16 projets sur l’ensemble des archipels pour près de 2,9 milliards XPF entre 2023 et 2024.

Enjeux environnementaux : préserver le fenua et le lagon

La montée en puissance des énergies renouvelables répond d’abord à une urgence environnementale. En réduisant la consommation de fioul et de gazole, Tahiti limite ses émissions de gaz à effet de serre et sa contribution au réchauffement climatique. Cette transition est essentielle pour préserver les lagons, les récifs coralliens et la biodiversité, tous menacés par la pollution et l’augmentation des températures.

La diversification du mix énergétique, avec le développement du solaire, de l’hydroélectricité et des systèmes hybrides, permet aussi de limiter l’impact des installations sur les terres et les paysages. Les nouveaux projets imposent des capacités de stockage (batteries, stations de transfert d’énergie par pompage) pour garantir la stabilité du réseau et absorber les pics de production solaire, évitant ainsi les coupures ou les gaspillages.

Enjeux économiques : vers une souveraineté énergétique locale

Sur le plan économique, la transition énergétique vise à réduire la facture d’importation des hydrocarbures, qui pèse lourdement sur les finances publiques et le pouvoir d’achat des familles polynésiennes. En produisant localement une part croissante de son électricité, Tahiti renforce sa souveraineté énergétique et se protège des fluctuations des marchés mondiaux.

Le développement des filières vertes crée également de nouveaux emplois dans les secteurs du solaire, de l’hydroélectricité, du stockage et de la maintenance. Les appels à projets du FTE encouragent l’innovation, l’investissement privé et la montée en compétence des acteurs locaux. Les collectivités et entreprises polynésiennes sont incitées à proposer des solutions adaptées aux spécificités insulaires, du chauffe-eau solaire à la biomasse en passant par les réseaux intelligents.

Enjeux sociaux : équité territoriale et accès à l’énergie

La transition énergétique s’accompagne d’un enjeu social fort : garantir un accès équitable à une énergie propre et abordable sur l’ensemble du territoire. Les besoins ne sont pas les mêmes entre Tahiti, Moorea ou les atolls des Tuamotu, mais la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit un appui technique et financier renforcé pour les îles les plus isolées.

Des projets emblématiques, comme l’électrification hybride de Maiao ou de Hao, montrent que la transition ne se limite pas à l’île principale. L’État et le Pays soutiennent ces initiatives pour améliorer la qualité de vie, lutter contre la précarité énergétique et favoriser le développement local.

La réussite de cette mutation passe aussi par la sensibilisation des familles, la promotion de l’autoconsommation et l’adoption de nouveaux gestes pour consommer moins et mieux. L’objectif est de bâtir une transition juste, où chacun trouve sa place et bénéficie des retombées positives de la modernisation du réseau électrique polynésien.

Perspectives et défis à venir

Si le cap des 50 % d’électricité renouvelable est une étape majeure, la Polynésie française doit encore relever plusieurs défis pour atteindre 75 % en 2030. La modernisation des infrastructures, la gestion de l’intermittence, l’acceptabilité des projets sur le foncier ou encore la formation des professionnels locaux sont autant d’enjeux à anticiper.

Le succès de cette transition repose sur un engagement collectif, associant l’État, le Pays, les communes, les entreprises et la population. L’innovation, l’investissement et la solidarité seront les clés pour faire de la Polynésie un modèle de résilience et d’autonomie énergétique dans le Pacifique.

Pour plus d’informations sur les appels à projets et les initiatives en cours, rendez-vous sur le site du Haut-commissariat ou sur les portails énergie du Pays.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x