Le Tifaifai, un patrimoine vivant : comment le Salon de Papeete célèbre l’artisanat polynésien face aux enjeux de transmission et de modernité

Le Tifaifai, un patrimoine vivant : comment le Salon de Papeete célèbre l’artisanat polynésien face aux enjeux de transmission et de modernité

À Papeete, le Salon du Tifaifai s’impose comme un rendez-vous incontournable pour célébrer l’art textile polynésien et réaffirmer l’importance de la transmission des savoir-faire traditionnels. Entre héritage culturel et innovations contemporaines, l’événement met en lumière la vitalité d’un patrimoine qui continue de tisser le lien entre les générations.

Un art ancestral au cœur de la vie polynésienne

Le tifaifai, grande pièce de tissu colorée cousue main, occupe une place centrale dans la culture mā’ohi. Présent lors des moments clés de la vie – mariages, naissances, célébrations familiales – il symbolise à la fois l’attachement à la terre, la générosité et la mémoire collective. Chaque motif, inspiré par la nature polynésienne – fleurs, feuilles, animaux marins – raconte une histoire, transmet un message, perpétue une identité.

Le Salon du Tifaifai : vitrine et laboratoire de la création locale

Organisé chaque année dans le hall de l’Assemblée de la Polynésie française, le Salon du Tifaifai réunit une trentaine d’artisanes venues de Tahiti et des archipels. L’édition 2025, du 28 avril au 4 mai, mettra à l’honneur des thèmes forts comme la baleine et la conque, symboles de la richesse et de la fragilité de la faune locale.

Au fil des stands, les visiteurs découvrent des œuvres uniques, fruits de longues heures de travail minutieux. Les créations exposées témoignent d’une grande diversité de techniques – patchwork, appliqué, broderie – et d’un dialogue constant entre tradition et modernité. « Le tifaifai, c’est plus qu’un tissu, c’est une histoire, une mémoire, un lien entre les générations », confie Béatrice Legayic, présidente de l’association organisatrice.

Transmettre et innover : les défis d’un patrimoine vivant

Au-delà de l’exposition-vente, le Salon propose des ateliers d’initiation ouverts à tous, favorisant la transmission des gestes et des motifs ancestraux. De nombreuses artisanes s’engagent auprès des jeunes pour que le tifaifai continue de vivre et d’évoluer. Les concours organisés pendant le salon encouragent la créativité et l’innovation, tout en valorisant la maîtrise des techniques traditionnelles.

Cette dynamique de transmission s’accompagne d’une réflexion sur la place du tifaifai dans la société contemporaine. De plus en plus, les créatrices intègrent des matériaux modernes, revisitent les motifs, et s’ouvrent à de nouveaux usages décoratifs ou artistiques, permettant à cet art de rayonner au-delà des frontières polynésiennes.

Un impact local et régional

Pour la communauté polynésienne, le Salon du Tifaifai est bien plus qu’un événement culturel : il est un espace de partage, de fierté et de valorisation du patrimoine. Il contribue aussi au dynamisme économique local, en soutenant l’artisanat et en attirant un public curieux, venu de toute la Polynésie et d’ailleurs.

À l’heure où la mondialisation et l’urbanisation bousculent les repères, le tifaifai s’affirme comme un repère identitaire, un art vivant qui continue d’inspirer et de rassembler.

Le Salon du Tifaifai, du 28 avril au 4 mai 2025, à l’Assemblée de la Polynésie française, place Tarahoi, Papeete. Entrée libre, ateliers et animations tout au long de la semaine.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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