PAPEETE, le 28 avril 2025</strong> – Le militant écologiste polynésien Jason Man a entamé ce lundi un tour de Tahiti à pied, une marche de plus d’un mois pour sensibiliser la population à la préservation de l’océan et porter la voix du fenua à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, prévue en juin à Nice.
Un engagement local pour un enjeu mondial
Figure de l’écologie en Polynésie, Jason Man s’est lancé dans cette aventure citoyenne depuis Papeete, avec pour objectif de rallier les habitants, associations et décideurs autour de la protection du moana. « Notre océan est notre richesse, mais il est menacé par la surpêche, la pollution et le changement climatique. Il est temps d’agir ensemble », explique-t-il.
Ce tour de l’île s’inscrit dans la dynamique de la Coalition Océan, qui fédère plus de 170 ONG et personnalités pour interpeller l’État et les gouvernements locaux sur la nécessité de créer de véritables aires marines protégées et de soutenir la pêche artisanale traditionnelle.
Des revendications claires pour la Polynésie
Jason Man porte plusieurs demandes fortes, à l’État comme au gouvernement polynésien :
- Protéger 30% des eaux françaises, dont 10% sous protection stricte, en respectant les critères internationaux pour les aires marines protégées.
- Interdire le chalutage dans toutes les aires protégées, puis dans l’ensemble des eaux françaises d’ici 2030.
- Créer de grandes aires marines protégées aux Australes (Rahui Nui No Tuhaa Pae) et aux Marquises (Te Tai Nui a Hau), avec des zones de protection stricte.
- Réserver le littoral à la pêche artisanale et accélérer les politiques publiques pour l’adaptation au changement climatique.
Ces revendications rejoignent l’appel « Te Reo O Te Moana », récemment soutenu par le président de la Polynésie française, pour faire du fenua un exemple lors de la prochaine conférence internationale sur l’océan.
Un militant enraciné dans le fenua
Âgé de 28 ans, Jason Man s’est imposé comme l’un des visages de la mobilisation écologique en Polynésie. Après des études en métropole, il revient au fenua pour s’engager pleinement, d’abord à travers des actions symboliques comme le tour de l’île en brouette, puis en fondant la branche locale du mouvement Extinction Rébellion.
Formateur en agroécologie et permaculture, président de l’association Nana sac plastique et vice-président de la Fédération des associations de protection de l’environnement Te Ora Naho, il expérimente au quotidien la sobriété et l’autonomie alimentaire, convaincu que « manger local, c’est protéger notre environnement et notre santé ».
« Il faut se faire entendre, se prouver qu’on peut le faire, ce n’est pas grave si c’est dur, on continue d’avancer debout », confie-t-il, déterminé à transmettre ses convictions à la jeunesse polynésienne.
Mobilisation citoyenne et traditions polynésiennes
Au fil de sa marche, Jason Man multiplie les rencontres avec les habitants, les pêcheurs, les jeunes et les acteurs associatifs. Il valorise aussi le retour à des pratiques ancestrales comme le rahui, ces zones de protection temporaire qui favorisent la régénération de la vie marine et inspirent aujourd’hui de nouvelles politiques locales.
Le militant souligne que la Polynésie, avec ses 118 îles et une zone maritime vaste comme l’Europe, est en première ligne face aux enjeux océaniques. « Protéger l’océan, c’est préserver notre identité, notre culture et l’avenir de nos enfants », insiste-t-il.
Perspectives : une Polynésie actrice de la protection de l’océan
À l’approche de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, la mobilisation de Jason Man vise à donner un écho international aux attentes du fenua. Son parcours illustre la montée en puissance d’une société civile polynésienne engagée, qui entend peser dans les décisions pour un océan préservé et une économie plus durable.
Les prochaines semaines seront rythmées par des étapes à travers toute l’île, des rencontres et des ateliers de sensibilisation, avec l’espoir de fédérer un mouvement citoyen à la hauteur des enjeux.
« Gagner en retard, c’est perdre », rappelle Jason Man, pour qui l’urgence écologique impose d’agir sans attendre, au nom du fenua et des générations futures.