La gestion du mouillage des navires de plaisance fait l’objet d’une réflexion approfondie en Polynésie française. Un rapport d’information, adopté mi-mai à l’Assemblée, propose de nouvelles pistes pour mieux répartir les retombées économiques du nautisme, préserver les lagons et renforcer l’équité entre les archipels.
Un secteur en pleine expansion, des fractures territoriales persistantes
Le secteur de la plaisance génère 15,2 milliards F CFP de retombées annuelles, mais celles-ci se concentrent à 90% sur Tahiti, Moorea et Bora Bora. Les Marquises, Tuamotu-Gambier et Australes restent en marge, selon le rapport de la commission de l’Équipement adopté le 15 mai 2025.
Cette réflexion sur la gestion des mouillages s’inscrit dans une dynamique plus large de tourisme responsable portée par la Polynésie française, qui multiplie les initiatives pour concilier développement économique, préservation de l’environnement et respect des communautés locales.
« Nos lagons attirent des milliers de plaisanciers, mais les infrastructures manquent cruellement dans les îles éloignées », déplore Hiro Teriieroo, élu des Tuamotu.
Îles principales | Nombre de sociétés de charter | Part des retombées économiques |
---|---|---|
Tahiti | 12 | 40% |
Moorea | 5 | 30% |
Bora Bora | 3 | 20% |
Archipels périphériques | 3 | 10% |
Le secteur du nautisme n’est pas le seul à connaître une forte croissance : la croisière en Polynésie représente également un enjeu majeur, entre retombées économiques et défis écologiques, illustrant la nécessité d’une gestion durable de l’ensemble des activités maritimes.
Des défis économiques et environnementaux à relever
Malgré son essor, le secteur de la plaisance privée en Polynésie fait face à des défis notables. La répartition des charges publiques reste inégale : les infrastructures locales, largement utilisées par les plaisanciers privés, ne sont pas toujours compensées par des contributions à la hauteur de leur utilisation. Ce contexte alimente un sentiment d’injustice, notamment dans les archipels éloignés, où les retombées économiques sont limitées alors que la pression sur les lagons s’accentue.
« Nous voulons que les bénéfices de la plaisance profitent aussi à nos îles et que nos lagons restent protégés », témoigne Tane Marama, chef d’entreprise aux Tuamotu.
Un rapport d’information riche en recommandations
Face à ces constats, la mission d’information de l’Assemblée a formulé plusieurs recommandations pour remodeler la gestion maritime du fenua :
- Renforcement du contrôle et des sanctions : augmenter la présence des autorités sur l’eau pour garantir le respect des règles.
- Répartition claire des compétences : optimiser la coordination entre autorités locales et nationales pour une gestion efficace du domaine maritime.
- Modernisation de la fiscalité : instaurer un cadre fiscal équitable incitant à une contribution juste de tous les utilisateurs.
- Création et optimisation des zones maritimes réglementées : protéger l’environnement tout en autorisant une activité nautique florissante.
- Développement et amélioration des infrastructures : renforcer les installations d’accueil en intégrant des mesures de protection écologique.
Initiatives locales et perspectives pour les archipels
Pour mieux cerner les besoins spécifiques, la mission d’information s’est déplacée dans plusieurs archipels, dont les ISLV, les Tuamotu et les Marquises, avec un budget dédié de plus de 1,6 million de F CFP. Ces échanges ont permis de recueillir les attentes des populations, notamment en matière d’équité dans la répartition des retombées et de préservation du patrimoine naturel.
Certaines communes, à l’image de Bora Bora, expérimentent déjà la gestion de bouées écologiques et la concertation avec les usagers, un modèle salué par les rapporteurs et qui pourrait inspirer d’autres îles.
Vers une réforme attendue d’ici fin 2025
Les résultats de la consultation citoyenne, organisée du 14 mars au 14 avril, viendront alimenter les arbitrages à venir. La réforme attendue devrait reposer sur une fiscalité adaptée, l’amélioration des infrastructures et une concertation renforcée avec les populations locales. L’objectif : faire du nautisme un moteur de développement partagé, sans sacrifier la richesse naturelle et culturelle du fenua.