Polynésie mobilisée dans la bataille face à la recrudescence du braconnage des tortues

Polynésie mobilisée dans la bataille face à la recrudescence du braconnage des tortues

Face à une hausse alarmante du braconnage des tortues marines sur l’ensemble de ses archipels, la Polynésie française multiplie les initiatives : sanctions renforcées, mobilisation des associations, campagnes de sensibilisation et implication des communautés locales. Un combat collectif pour préserver un patrimoine naturel et culturel menacé.

Une menace qui s’étend à tous les archipels

Depuis le début de l’année 2025, la Polynésie française fait face à une recrudescence préoccupante du braconnage des tortues marines. Neuf cas ont déjà été signalés à Raiatea, Moorea, Bora Bora, Tahaa et Tahiti, soit deux fois plus que sur toute l’année précédente. Les centres de soins, comme celui de Bora Bora, constatent que 90 % des tortues recueillies sont victimes de braconnage, la plupart étant des juvéniles, ce qui aggrave la fragilité des populations locales.
Malgré une protection totale en vigueur depuis 1971, la chasse illégale persiste, alimentée par la demande de viande de tortue et la méconnaissance des risques sanitaires, notamment liés à la consommation de la tortue imbriquée.

Des sanctions renforcées et une justice mobilisée

Le cadre légal polynésien est strict : toute capture, détention, commercialisation ou consommation de tortues marines et de leurs œufs est interdite. Les contrevenants risquent jusqu’à 2 ans de prison et 17,8 millions de Fcfp d’amende, des peines doublées en cas de récidive. Les récentes condamnations, incluant des peines de prison ferme et la confiscation de matériel, témoignent d’une volonté politique d’appliquer la loi avec fermeté pour dissuader les braconniers.

Associations et communautés en première ligne

Sur le terrain, les associations telles que Te Mana O Te Moana et Te Honu Tea jouent un rôle clé. Elles assurent le suivi scientifique des populations, soignent les tortues blessées, recensent les sites de ponte et mènent des actions éducatives auprès des scolaires. Plus de 650 tortues ont été prises en charge à Tetiaroa en vingt ans, et plus de 150 000 enfants ont été sensibilisés à la préservation de la biodiversité marine.

Sensibilisation et implication des archipels

Au-delà de la répression, la prévention est essentielle. Des campagnes d’information, des programmes pédagogiques et la création d’aires marines éducatives impliquent les jeunes et les habitants dans la surveillance et la protection des plages de ponte. Les traditions ancestrales de protection, comme le tapu, sont remises en valeur pour renforcer l’adhésion communautaire à la conservation des tortues.

Enjeux écologiques et perspectives d’avenir

La disparition progressive des tortues marines menacerait l’équilibre des écosystèmes lagonaires et priverait la Polynésie d’un symbole culturel fort. Si certains acteurs évoquent la possibilité d’une gestion durable avec quotas à long terme, la priorité actuelle reste la sauvegarde des populations, menacées par le braconnage, la pollution et la raréfaction des sites de ponte.

« Ce sont des individus qui sont immatures, qui n’ont pas encore atteint l’âge adulte, qui sont très jeunes, elles ont à peu près 10 ans. Donc c’est catastrophique, il faut absolument que la population ait conscience qu’il est important de préserver cette biodiversité pour préserver justement notre environnement marin », souligne Roseline Tuira, chargée de projet biodiversité marine à la DIREN.

Un combat collectif pour les générations futures

La bataille contre le braconnage des tortues mobilise toute la Polynésie, des institutions aux associations, des écoles aux familles. Préserver les tortues marines, c’est transmettre intact un patrimoine naturel et culturel aux générations futures, et affirmer l’attachement du fenua à la richesse de ses lagons.

A lire également : Polémique autour de la pêche aux tortues marines 

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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