UNOC à Nice : la Polynésie veut classer ses 5 millions de km² en aire marine protégée

UNOC à Nice : la Polynésie veut classer ses 5 millions de km² en aire marine protégée

À l’occasion du sommet des Nations unies pour l’océan (UNOC) à Nice, la Polynésie française annonce son intention de transformer son immense zone économique exclusive (ZEE) en aire marine protégée. Un changement de statut qui vise à renforcer la reconnaissance internationale de la gestion durable de l’océan Pacifique Sud.

Un tournant historique pour la gestion de l’océan polynésien

La Polynésie française s’apprête à franchir une étape majeure dans la préservation de son espace maritime. Lors du sommet UNOC, le président Moetai Brotherson porte la voix du fenua pour faire évoluer le statut de l’aire marine gérée Tainui Atea, créée en 2018 et couvrant 5 millions de km², en aire marine protégée (AMP) de classe 6 selon la classification internationale de l’UICN.

Ce changement stratégique permettra à la Polynésie de bénéficier d’une reconnaissance mondiale et d’accéder à de nouveaux financements dédiés à la protection des océans, tout en maintenant l’accès des pêcheurs locaux à la zone.

Pourquoi ce changement de statut ?

  • Reconnaissance internationale : L’actuel statut d’aire marine gérée, bien qu’innovant, n’est pas reconnu par les grandes institutions mondiales. Passer à une AMP permet d’intégrer la ZEE polynésienne dans les objectifs internationaux, notamment la protection de 30 % des océans d’ici 2030.
  • Accès aux financements : Le nouveau classement ouvre la voie à des fonds spécifiques pour la gestion durable, la recherche et la préservation des écosystèmes marins.
  • Valorisation du modèle polynésien : La gestion locale, déjà saluée pour son équilibre entre usages traditionnels et protection, gagne en visibilité sur la scène mondiale.

« Fonctionnellement, c’est la même chose, sauf que là, on est dans une terminologie et une classification internationale. »
Moetai Brotherson, président de la Polynésie française

Quels impacts pour les pêcheurs et les habitants des archipels ?

Le président a tenu à rassurer la population : l’accès à la ZEE pour la pêche artisanale et les activités traditionnelles sera maintenu. La gestion durable, déjà en place, reste la priorité pour préserver les ressources marines tout en respectant les modes de vie des cinq archipels.

  • Pêche artisanale et subsistance : Les pratiques traditionnelles ne seront pas remises en cause par le nouveau statut.
  • Concertation continue : Les discussions se poursuivent avec la filière pêche pour définir les contours des futures zones de protection renforcée.

Vers des zones de protection renforcée

En complément du classement général, le gouvernement polynésien envisage la création de quatre zones d’AMP de classe 2, plus restrictives, où la pêche serait totalement interdite (no-take zones). Ces espaces pourraient représenter entre 1,5 et 2,5 millions de km² et intégrer des activités de recherche, de récréation et d’éducation.

L’annonce officielle de ces zones dépendra toutefois de la poursuite des concertations avec les professionnels du secteur.

Tableau comparatif des statuts maritimes

Statut Reconnaissance internationale Contraintes pour la pêche Accès aux financements
Aire marine gérée (AMG) Non Faibles Limité
Aire marine protégée (AMP) classe 6 Oui Faibles Élargi
AMP classe 2 (no-take) Oui Très fortes Élargi

Un engagement polynésien dans la dynamique mondiale de l’UNOC

Cette initiative s’inscrit dans la mobilisation internationale pour la préservation des océans, au cœur des discussions de l’UNOC à Nice. La Polynésie française entend ainsi affirmer son rôle de territoire pionnier en matière de gestion durable et de protection de son patrimoine marin.

Cette démarche complète d’autres initiatives locales en faveur d’un développement responsable, comme le tourisme responsable en Polynésie française ou la régulation du mouillage des navires de plaisance à Tahiti.

Paroles du fenua : réactions et attentes

Les acteurs locaux saluent la volonté de faire reconnaître le modèle polynésien à l’international, tout en rappelant l’importance de préserver les équilibres économiques et culturels.

« Nous sommes fiers que la Polynésie porte la voix du Pacifique Sud à l’ONU, mais il faut veiller à ce que les décisions prises respectent nos réalités insulaires et nos traditions. »
Tehani, habitante des Tuamotu

« La protection de notre océan, c’est aussi la protection de nos emplois et de notre avenir. »
Tane, chef d’entreprise à Fakarava

Enjeux et perspectives pour la Polynésie et ses archipels

  • Reconnaissance et financements internationaux pour la préservation de l’océan Pacifique Sud.
  • Valorisation des savoir-faire locaux en matière de gestion durable et de concertation.
  • Maintien des activités économiques et traditionnelles pour les pêcheurs et habitants des cinq archipels.
  • Dynamique de concertation avec les acteurs locaux avant toute restriction supplémentaire.

À retenir

  • 5 millions de km² concernés par le futur classement en aire marine protégée.
  • Un modèle polynésien qui s’exporte à l’international.
  • Des enjeux économiques, culturels et environnementaux au cœur des débats.

En s’inscrivant dans la dynamique mondiale de l’UNOC, la Polynésie française affirme sa spécificité : un territoire insulaire immense, riche de ses cultures et de ses savoirs, mais aussi acteur responsable de la planète bleue.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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