Papeete, 29 juin 2025. Alors que cette date historique a été récemment supprimée du calendrier des jours fériés, la famille royale Pomare et le comité royal organisent aujourd’hui une commémoration à la mairie de Papeete pour maintenir vivante la mémoire de la cession de Tahiti à la France, il y a 145 ans.
Une mobilisation face à l’oubli
« Cette date est historique. J’ai l’impression qu’elle tombe dans l’oubli, car elle est de moins en moins enseignée dans nos écoles », déplore Hirohiti Tefaarere, porte-parole de la principauté Pomare XI. Cette préoccupation motive la démarche des descendants royaux qui refusent de voir s’effacer cette page fondatrice de l’histoire polynésienne.
La suppression récente du 29 juin de la liste des jours fériés a créé un vide mémoriel que les familles royales entendent combler par leurs propres initiatives. Une stratégie de résistance culturelle qui s’inscrit dans une démarche plus large de préservation du patrimoine historique polynésien.
Pour mieux comprendre les enjeux de cette date charnière, notre dossier 29 juin 1880 : la fin du royaume de Tahiti retrace les circonstances de cette cession historique.
Transmission intergénérationnelle au cœur des enjeux
L’événement de ce dimanche vise particulièrement les jeunes générations, identifiées comme les principales victimes de cette amnésie progressive. Les organisateurs souhaitent créer un moment pédagogique permettant de transmettre les enjeux de cette date charnière.
« Nous devons expliquer aux jeunes ce que représentait vraiment cette cession, au-delà des aspects politiques »
Cette approche s’inscrit dans une volonté de réappropriation populaire de l’histoire, loin des commémorations officielles traditionnelles. Les familles royales organisent ainsi :
- Des témoignages d’anciens sur la transmission orale
- Une exposition de documents historiques familiaux
- Des ateliers pédagogiques pour les enfants
- Un moment de recueillement devant le monument Pomare V
Les clauses oubliées du traité de cession
Au-delà de l’aspect mémoriel, les descendants royaux rappellent que certaines clauses du traité de 1880, notamment celles concernant les terres indigènes, n’ont jamais été pleinement respectées. Cette dimension juridique donne une actualité particulière à cette commémoration.
Les enjeux fonciers contemporains trouvent ainsi leurs racines dans ce texte fondateur, créant un lien direct entre l’histoire et les préoccupations actuelles des Polynésiens. Notre analyse Polynésie : 29 juin ou 20 novembre ? explore ces questions de mémoire et de commémoration.
Une commémoration citoyenne
Contrairement aux années précédentes où cette date était marquée par un jour férié, la commémoration 2025 revêt un caractère plus intime et citoyen. L’initiative privée remplace l’action publique, illustrant la capacité de la société civile polynésienne à préserver sa mémoire collective.
Cette mobilisation spontanée des familles royales témoigne de la vitalité des institutions traditionnelles face aux évolutions du calendrier officiel. Elle révèle également une fracture entre la politique mémorielle institutionnelle et les attentes de certains Polynésiens attachés à cette date symbolique.
Perspectives d’avenir
Les organisateurs annoncent déjà leur intention de pérenniser cette initiative citoyenne. Un comité de mémoire permanent pourrait être créé pour organiser chaque année cette commémoration alternative, indépendamment des décisions politiques.
« Si les institutions oublient notre histoire, nous la préserverons nous-mêmes »
Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large de réappropriation culturelle observé en Polynésie française, où les familles et associations prennent le relais des institutions pour maintenir vivantes les traditions et la mémoire collective du fenua.