Au-delà des clichés de luxe et de romance, Bora Bora vit chaque jour entre traditions polynésiennes, défis insulaires et accueil de milliers de visiteurs venus du monde entier. Entre le bleu du lagon, la silhouette du mont Otemanu et la vie quotidienne des habitants, l’île révèle une identité forte, partagée entre préservation du fenua, économie touristique et transmission culturelle. Reportage sur une île où la beauté naturelle cohabite avec les enjeux du présent.
Avec ses 10 000 habitants et près de 300 000 visiteurs attendus en 2025, Bora Bora affiche l’un des plus forts ratios touristes/résidents au monde : 30 pour 1. L’île, accessible en 50 minutes de vol depuis Tahiti, attire pour son lagon turquoise, ses plages de sable blanc et ses hôtels sur pilotis, mais elle demeure aussi un lieu de vie, de travail et de mémoire pour ses habitants[26][16].
Portrait de Bora Bora
Archipel | Îles Sous-le-Vent, Polynésie française |
Superficie | 38 km² (île principale) + motu |
Population | Environ 10 000 habitants (2025) |
Point culminant | Mont Otemanu (727 m) |
Économie | Tourisme, pêche, agriculture, artisanat |
Une île, deux visages : vie locale et tourisme mondial
Si Bora Bora est mondialement connue pour ses hôtels de luxe et ses lunes de miel, la vie quotidienne sur l’île s’organise autour de Vaitape, du marché, des écoles et des petits commerces. Les habitants vivent souvent simplement, entre pêche, agriculture et emplois liés au tourisme. Les motu, ces îlots coralliens qui encerclent le lagon, abritent les resorts mais aussi des familles qui perpétuent la pêche au filet et la culture du coprah[19][26].
« On voit plus de touristes que d’habitants certains jours, mais on garde notre fenua vivant, surtout pendant le Heiva », confie Hina, résidente de Vaitape[7].
Le Heiva I Bora Bora : cœur battant de la culture locale
Chaque mois de juillet, le Heiva I Bora Bora rassemble la population autour de la danse, du chant et des sports traditionnels. Cinq groupes représentant les districts de l’île s’affrontent dans une ambiance fraternelle, sous le regard du mont Otemanu. Le Heiva est l’occasion de transmettre les légendes, les savoir-faire et la langue polynésienne aux jeunes générations, tout en accueillant les visiteurs dans une atmosphère unique[1][22].
« Le Heiva, c’est notre âme. On prépare les costumes, on apprend les chants, on vit ensemble. C’est là qu’on montre qui on est », explique Tiare, danseuse du groupe Faanui.
Économie touristique : moteur et défi pour l’île
Le tourisme représente plus de 18 % de l’emploi en Polynésie française, et Bora Bora concentre la majorité des hôtels de luxe et des croisières du territoire. Chaque visiteur dépense en moyenne 380 000 XPF par séjour, générant des retombées pour les excursions, l’artisanat, la restauration et les services portuaires[26][7].
Secteur | Emplois créés | Revenus générés (M XPF) |
Excursions et activités | 450 | 2 500 |
Artisanat local | 200 | 800 |
Services portuaires | 150 | 1 200 |
Mais cette manne pose aussi la question de la préservation du lagon, de la gestion des déchets et de la répartition équitable des bénéfices. Les autorités locales misent désormais sur un tourisme plus durable, limitant la capacité d’accueil et valorisant les initiatives locales[26][7].
Au quotidien : traditions, transmission et innovation
À Bora Bora, la culture polynésienne s’exprime à travers les fêtes, la pratique du va’a (pirogue), la sculpture sur bois ou la fabrication de couronnes de fleurs. Les écoles et associations s’efforcent de transmettre le reo tahiti et les gestes ancestraux. L’île accueille aussi des projets innovants, comme l’infrastructure flottante expérimentale entre Bora Bora et Tūpai, portée par la commune et l’ONG Civilisation Indigo, pour répondre aux défis du changement climatique et de la pression sur les ressources[2].
« Nous devons inventer de nouvelles façons de vivre avec l’océan, pour que nos enfants aient un avenir ici, sur nos îles », explique Frédéric Pons, président de Civilisation Indigo[2].
Le souvenir de Paul-Émile Victor, explorateur polaire installé à Bora Bora dans les années 1970, inspire encore la population à préserver la nature et à valoriser le patrimoine polynésien[3]. Une sculpture commémorative, réalisée par son fils Teva Victor, accueille désormais les visiteurs à l’aéroport.
Expériences incontournables et vie insulaire
- Tour du lagon en pirogue ou en bateau pour observer raies, requins, jardins de corail et motu privés[16][23].
- Snorkeling et plongée dans les passes et les jardins de corail, à la rencontre des raies manta et des tortues marines[23][18].
- Matira Beach, la plage publique la plus célèbre de l’île, idéale pour la baignade et le coucher de soleil[19].
- Randonnée au mont Otemanu ou en 4×4 dans l’intérieur de l’île, pour découvrir les vestiges de la Seconde Guerre mondiale et les panoramas sur le lagon[23].
- Marchés et snacks locaux pour goûter au poisson cru, au poulet fafa ou à la cuisine familiale, loin des resorts[25].
Enjeux et perspectives : entre rêve et réalité
Bora Bora reste une île de contrastes : paradis pour les visiteurs, mais aussi territoire vivant, confronté à la hausse du coût de la vie, à la pression foncière et à la préservation de son identité. Les habitants, attachés à leur fenua, s’efforcent de trouver un équilibre entre ouverture au monde et transmission de leur culture. Les initiatives citoyennes, la vitalité du Heiva et l’engagement pour l’environnement témoignent d’une volonté de faire de Bora Bora un modèle de résilience et d’innovation pour la Polynésie de demain[2][1][3].