Entretien avec le petit-fils d’Éric de Bisschop : l’archéologue Franck Goddio de passage à Tahiti

Franck Goddio, célèbre archéologue sous-marin connu pour ses découvertes en Égypte et en mer de Chine, était de passage à Tahiti en janvier 2009. Petit-fils du navigateur Éric de Bisschop, il évoque l’héritage de son grand-père et ses liens profonds avec la Polynésie française.

Un héritage familial ancré dans le Pacifique

Tahitipresse : Que représente la Polynésie pour vous, en tant que petit-fils d’Éric de Bisschop ?

Franck Goddio : La Polynésie, c’est une partie de mon identité. Mon grand-père a vécu ici de 1947 à 1956, et c’est d’ici qu’il est parti pour sa dernière expédition avec le Tahiti-Nui. Cette terre a nourri ses rêves de navigation et ses recherches sur les migrations polynésiennes. Pour moi, revenir ici, c’est retrouver ses traces et comprendre ce qui l’animait.

Sur les traces du navigateur visionnaire

Tahitipresse : Votre grand-père s’interrogeait sur les capacités de navigation des anciens Polynésiens. Vos travaux d’archéologue éclairent-ils ces questions ?

Franck Goddio : Absolument. Éric de Bisschop était fasciné par la maîtrise maritime des Polynésiens, leur capacité à naviguer sur des milliers de kilomètres avec des moyens apparemment rudimentaires. Mes recherches sous-marines, notamment en Asie, me montrent que les civilisations anciennes avaient des connaissances nautiques extraordinaires. Les Polynésiens étaient des navigateurs exceptionnels, capables de lire les étoiles, les courants, les vols d’oiseaux.

Des découvertes qui résonnent avec l’héritage polynésien

Tahitipresse : Vos découvertes en Égypte et en mer de Chine ont-elles des échos avec l’histoire du Pacifique ?

Franck Goddio : Les océans ont toujours été des routes, pas des barrières. Que ce soit en Méditerranée, en mer Rouge ou dans le Pacifique, les hommes ont navigué, échangé, transmis leurs savoirs. Les Polynésiens, comme les marins d’Alexandrie ou de Canton, étaient des pionniers de la mondialisation. Ils ont créé des réseaux d’échanges sur des distances considérables.

L’archéologie sous-marine au service de la mémoire

Tahitipresse : Envisagez-vous des recherches archéologiques en Polynésie ?

Franck Goddio : C’est un rêve que je caresse. Les lagons polynésiens recèlent certainement des vestiges extraordinaires : pirogues anciennes, sites d’habitat submergés, traces des premiers peuplements. Avec les technologies modernes dont rêvait mon grand-père, nous pourrions révéler des pans entiers de l’histoire polynésienne. Ce serait un hommage à sa mémoire et à la richesse de ces îles.

Un message pour les jeunes Polynésiens

Tahitipresse : Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes du fenua ?

Franck Goddio : Vos ancêtres étaient des explorateurs, des innovateurs, des maîtres des océans. Cette tradition d’excellence maritime et de curiosité scientifique doit vous inspirer. L’archéologie, l’océanographie, la navigation moderne sont autant de domaines où vous pouvez exceller, en vous appuyant sur cet héritage exceptionnel.

« La Polynésie a donné au monde des navigateurs extraordinaires. Elle peut donner demain des chercheurs, des explorateurs, des innovateurs qui continueront à repousser les frontières de la connaissance. »

Perspectives : perpétuer l’esprit d’exploration

Ce passage de Franck Goddio à Tahiti rappelle l’importance de préserver et de valoriser l’héritage maritime polynésien. Entre tradition et modernité, entre mémoire et innovation, les liens tissés par des hommes comme Éric de Bisschop continuent d’inspirer les nouvelles générations d’explorateurs et de chercheurs.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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