Opération Matai Rorofai : 52 personnes mises en cause en deux semaines

Opération Matai Rorofai : 52 personnes mises en cause en deux semaines

La gendarmerie de Polynésie française a mené plus de 200 opérations antidrogue entre le 2 et le 15 juin dans le cadre de la nouvelle phase de l’opération « Matai Rorofai ». Cette action coordonnée a permis l’interpellation de 52 personnes et la saisie de 2 268 plants de cannabis, ainsi que 2,7 millions de francs CFP d’avoirs criminels. Cette intervention s’inscrit dans la continuité des efforts menés depuis 2024 pour lutter contre les trafics de stupéfiants qui touchent l’ensemble des archipels polynésiens.

 

En l’espace de deux semaines, les forces de gendarmerie ont intensifié leur lutte contre le trafic de stupéfiants avec une nouvelle phase de l’opération baptisée « Matai Rorofai ». Cette action d’envergure, qui s’est déroulée du 2 au 15 juin 2025, illustre la détermination des autorités à démanteler les réseaux de production et de distribution de cannabis qui prolifèrent dans le fenua.

Les résultats de cette quinzaine d’interventions témoignent de l’ampleur du phénomène : outre les 52 personnes mises en cause, les gendarmes ont procédé à la destruction de milliers de plants de cannabis et saisi des sommes importantes liées au trafic. Cette opération touche plusieurs archipels, démontrant que la lutte antidrogue ne se limite pas à Tahiti mais concerne l’ensemble du territoire polynésien.

L’opération « Matai Rorofai », dont le nom signifie « surveiller attentivement » en reo tahiti, constitue la dernière phase d’une série d’actions coordonnées initiées en 2024. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de crise sanitaire liée à la consommation de stupéfiants en Polynésie française, notamment la méthamphétamine, qui touche désormais près de 10% de la population locale.

Une mobilisation sans précédent des forces de l’ordre

Cette opération a mobilisé près de 100 gendarmes quotidiennement, déployés sur l’ensemble du territoire polynésien. Menée sous l’autorité conjointe du Haut-Commissaire de la République et de la procureure de la République près le tribunal de Papeete, elle s’inscrit dans le cadre du plan zéro délinquance adopté par le ministère de l’Intérieur.

Les moyens déployés témoignent de l’ampleur de cette offensive antidrogue :

  • Effectifs des compagnies de gendarmerie des Îles du Vent et des Archipels
  • Enquêteurs spécialisés de la Section de recherches et de l’OFAST
  • Experts en nouvelles technologies (N’TECH) pour la cybercriminalité
  • Escadron de gendarmerie mobile déplacé de Périgueux
  • Équipes cynophiles et opérateurs drones
  • Opérateurs du GIGN pour l’observation-surveillance

Cinq axes d’intervention coordonnés

L’opération s’est articulée autour du plan anti-stupéfiants du COMGEND, déployé sur cinq axes stratégiques pour frapper l’ensemble de la chaîne du trafic :

Contrôle des flux routiers : Près de 2 065 véhicules ont été contrôlés et 621 dépistages de stupéfiants réalisés, permettant de relever 111 délits. Une attention particulière a été portée aux transports en commun, avec 5 bus contrôlés et 1 conducteur testé positif aux stupéfiants.

Harcèlement des points de deal : La gendarmerie a renforcé sa présence sur les lieux de vente identifiés, menant au contrôle de 1 096 personnes et à la constatation de 100 infractions, avec 50 interpellations.

Destruction des plantations : Les interventions ont permis la saisie et la destruction de 2 268 plants de cannabis et de 590 grammes d’herbe.

Démantèlement des réseaux : Plusieurs enquêtes judiciaires menées par l’AOFAST, la Section de recherches et le GIR ont abouti à des saisies d’avoirs criminels pour un montant total de 2,7 millions de francs CFP.

Cyber-investigations : Une offensive numérique inédite a visé la vente de stupéfiants en ligne, phénomène en pleine expansion. Dix enquêteurs spécialisés ont mis en cause 9 auteurs et saisi du matériel de revente.

Des résultats qui s’inscrivent dans la durée

Cette nouvelle phase de « Matai Rorofai » confirme l’efficacité d’une approche coordonnée et continue. En février 2025, la première grande opération avait permis la destruction de 7 419 pieds de cannabis et la mise en cause de 395 personnes.

Période Plants détruits Personnes mises en cause Avoirs saisis
Février 2025 7 419 395 15,7 millions XPF
Juin 2025 2 268 52 2,7 millions XPF

Ces chiffres illustrent la persistance du phénomène mais aussi la détermination des forces de l’ordre à maintenir la pression sur les réseaux de trafic.

Un fléau qui touche tous les archipels

L’opération « Matai Rorofai » révèle que le trafic de stupéfiants ne se limite pas à Tahiti mais concerne l’ensemble du territoire polynésien. Des Îles Sous-le-Vent aux Tuamotu, en passant par les Australes, les plantations illicites prolifèrent, alimentant un marché local en pleine expansion.

Cette réalité s’inscrit dans un contexte sanitaire préoccupant. La Polynésie française fait face à une crise sans précédent liée à la consommation d’ICE, avec près de 30 000 consommateurs estimés. Le gouvernement a d’ailleurs décrété l’urgence nationale face à cette situation.

« Cette opération s’inscrit dans notre engagement continu contre les trafics qui gangrènent notre fenua. Nous devons maintenir cette pression pour protéger nos familles et notre jeunesse », souligne un responsable des forces de l’ordre.

Vers une stratégie de long terme

Au-delà des résultats immédiats, l’opération « Matai Rorofai » témoigne d’une évolution dans l’approche de la lutte antidrogue en Polynésie française. L’intégration de la dimension numérique, avec la traque des ventes en ligne, illustre l’adaptation des forces de l’ordre aux nouvelles formes de trafic.

Cette stratégie coordonnée, qui associe répression et prévention, devra s’inscrire dans la durée pour espérer endiguer un phénomène qui touche désormais toutes les couches de la société polynésienne. D’autres opérations de ce type sont d’ores et déjà programmées, confirmant la volonté des autorités de maintenir cette offensive contre les stupéfiants.

L’enjeu dépasse la seule dimension sécuritaire : il s’agit de préserver l’avenir de la jeunesse polynésienne et de protéger le tissu social du fenua face à un fléau qui menace son équilibre.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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