Les conditions difficiles de Taharu’u n’ont pas découragé les surfeurs expérimentés lors de cette étape du championnat master. Entre transmission familiale et passion intacte, ces vétérans des vagues prouvent que l’âge n’est qu’un chiffre sur une planche de surf.
Dans les eaux tumultueuses de Taharu’u, à Papara, Nelson Tofili ajuste sa combinaison avec la même minutie qu’il y a vingt ans. Ce bodyboardeur chevronné incarne parfaitement l’esprit de cette compétition master qui rassemble les surfeurs expérimentés du fenua. « Aujourd’hui, 20 ans après, on est encore là. On accompagne les enfants et cette année, pourquoi pas aussi papa dans le circuit ! », plaisante-t-il en observant les séries qui déferlent.
La plage de Papara a mis les participants à rude épreuve lors de cette étape du championnat de Polynésie open. Courant puissant, forte houle et conditions techniques exigeantes : même les plus aguerris comme Hira Teriinatoofa reconnaissent la difficulté. Pourtant, ces anciens du surf à Tahiti n’ont rien perdu de leur détermination, transformant chaque session en leçon de vie pour les générations qui les observent depuis la plage.
Des conditions qui forgent les caractères
Taharu’u n’a pas fait de cadeau aux participants de cette compétition master. Les vagues puissantes et le courant traître ont mis à l’épreuve même les surfeurs les plus expérimentés. Hira Teriinatoofa, figure emblématique du surf local, résume la situation sans détour :
« Très difficile, beaucoup de courant, forte houle… Franchement aujourd’hui, il faut vraiment être en pleine forme, sinon tu te fais emporter par le courant. C’est la compétition, il faut s’habituer à tout. »
Ces conditions exigeantes rappellent pourquoi Papara s’impose comme un spot de référence dans le calendrier polynésien. Après avoir accueilli la Toa Pro en mai et une étape du Tahiti Taure’a Tour en juin, la plage confirme son statut de terrain d’épreuve pour toutes les générations de surfeurs.
Quand les légendes côtoient les insulaires
La participation de Michel Bourez à cette compétition master illustre parfaitement cette dynamique de transmission. Le Spartiate du fenua continue d’inspirer les générations, prouvant que l’excellence polynésienne ne se limite pas aux circuits internationaux.
Aux côtés de Bourez, d’autres figures locales comme Hiro Calonnier et Raimana Puhetini affichent leurs ambitions sans complexe. « Aujourd’hui, c’est pour aller chercher la 1ère place ! », lancent-ils en chœur, témoignant de cet esprit de compétition qui anime encore ces vétérans des vagues.
L’archipel au cœur de la compétition
La présence de trois surfeurs de Raiatea, menés par Teva Guillain, témoigne de la dimension territoriale de ces événements. Ces participants des îles Sous-le-Vent doivent non seulement s’adapter aux conditions spécifiques de Papara, mais aussi faire face à des concurrents aguerris sur ce spot.
Teva Guillain aborde cette confrontation avec philosophie :
« Il n’y a que des pros, mais c’est toujours un plaisir de surfer avec eux même si on arrive 4ème ou 5ème, c’est pas grave. Espérons que je vais faire au moins une finale, après la gagne c’est difficile parce qu’on a des champions avec nous. »
Cette approche résume parfaitement l’esprit de ces compétitions master, où l’enjeu dépasse la performance pure pour privilégier le partage de la vague et le respect mutuel typiquement polynésien.
La famille au cœur de la passion
L’aspect le plus touchant de cette compétition réside dans cette transmission intergénérationnelle. Nelson Tofili, père d’une jeune surfeuse, symbolise cette continuité familiale qui caractérise le surf polynésien. Pour lui, accompagner sa fille dans sa progression tout en continuant à surfer représente l’aboutissement de vingt années de passion.
Cette dimension familiale dépasse la simple compétition sportive. Elle s’inscrit dans la tradition polynésienne de transmission des savoirs, où les tua’ana (anciens) guident naturellement les plus jeunes dans l’apprentissage des vagues et du respect de l’océan.
Un calendrier qui valorise l’expérience
La prochaine étape, prévue les 12 et 13 juillet, promet de nouveaux défis pour ces surfeurs expérimentés. Cette continuité du calendrier master témoigne de la vitalité de cette catégorie, souvent négligée au profit des jeunes talents.
Catégorie |
Participants |
Prochaine étape |
Surf master |
Surfeurs expérimentés |
12-13 juillet |
Bodyboard master |
Vétérans de la discipline |
12-13 juillet |
Ces compétitions master révèlent une facette méconnue du surf polynésien : celle de la mémoire vivante des vagues, portée par des hommes qui ont vu évoluer les spots, les techniques et les générations. À Papara comme ailleurs dans le fenua, ils prouvent que la passion du surf n’a pas d’âge, seulement des racines de plus en plus profondes dans le sable de nos îles.
Au-delà des résultats, ces masters incarnent les valeurs fondamentales du surf polynésien : le respect de l’océan, la transmission des savoirs et cette capacité unique à transformer chaque vague en moment de partage entre les générations.