Atimaono et Mataiea : deux sites historiques classés pour préserver la mémoire polynésienne

Atimaono et Mataiea : deux sites historiques classés pour préserver la mémoire polynésienne

L’ancienne rhumerie d’Atimaono et le premier cimetière chinois de Mataiea viennent d’être classés monuments historiques. Ces lieux emblématiques, témoins de l’histoire industrielle et migratoire de la Polynésie française, bénéficieront désormais d’une protection et d’une valorisation accrue.

Deux sites au cœur de l’histoire polynésienne

Le conseil des ministres a annoncé cette semaine le classement de l’ancienne rhumerie d’Atimaono à Papara et du cimetière chinois de Mataiea comme monuments historiques. Ces deux sites, liés aux grandes plantations du domaine d’Atimaono, incarnent des pans essentiels de l’histoire coloniale et migratoire du fenua. La rhumerie, construite en 1880 sur le domaine sucrier d’Atimaono, est l’un des rares ensembles industriels du XIXe siècle encore visibles en Polynésie française. Ses structures techniques bien conservées et sa machinerie, portant des inscriptions de constructeurs internationaux, témoignent de l’introduction de la mécanisation agricole dans la région. Le site illustre également les échanges commerciaux internationaux et les conditions de production du rhum local à cette époque. Quant au cimetière chinois de Mataiea, il représente le premier lieu de sépulture connu des immigrés asiatiques venus travailler dans les plantations de coton et de canne à sucre dès les années 1860. Ce lieu, aujourd’hui envahi par la végétation, incarne la mémoire des premières générations d’immigrés chinois souvent oubliées dans les récits historiques.

Un patrimoine exceptionnel à valoriser

Le classement au titre des monuments historiques permettra non seulement de protéger ces sites mais aussi d’envisager leur mise en valeur à travers des projets muséographiques ou d’écomusées. Ces initiatives auront une double vocation : pédagogique et touristique. « Ce classement est motivé par la valeur patrimoniale exceptionnelle de ces lieux », explique le Conseil des ministres. « Il s’agit de renforcer l’ancrage identitaire auprès des populations locales tout en stimulant les dynamiques économiques et culturelles à l’échelle communale et territoriale. » Les projets envisagés pourraient inclure des visites guidées, des expositions sur l’histoire industrielle et migratoire, ainsi que des ateliers éducatifs pour sensibiliser les jeunes générations à l’importance du patrimoine matériel et immatériel polynésien.

Un héritage précieux pour les générations futures

Ces deux sites rappellent l’impact des grandes plantations sur l’évolution économique et sociale de Tahiti, tout en mettant en lumière les contributions essentielles des communautés chinoises dans le développement local. Pour les habitants du fenua, cette reconnaissance officielle est une étape importante pour préserver leur histoire commune. Elle offre également une opportunité unique de partager ce patrimoine avec le reste du monde, en favorisant un dialogue interculturel autour de ces lieux chargés de mémoire. En protégeant ces vestiges industriels et migratoires, la Polynésie française affirme son engagement envers la préservation de son identité culturelle tout en ouvrant la voie à un développement durable axé sur le respect du passé.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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