Un événement à la fois historique et culturel se déroulait récemment au Musée de Tahiti et des îles à Punaauia : l’inauguration de l’exposition itinérante « Mangareva« . En partenariat avec le Musée du Quai Branly, cet événement marquait le retour de dix statues provenant de l’archipel des Gambier, dont certaines avaient quitté la région il y a environ 150 ans. Parmi ces figures, se trouvent des « tiki » – emblèmes des dieux anciens – qui reviennent enfin sur leur terre d’origine.
Une cérémonie traditionnelle spectaculaire
L’inauguration s’est ouverte par une cérémonie impressionnante dans les jardins du musée. Pendant une heure, environ cinquante danseurs et musiciens de Mangareva ont raconté à travers leurs performances l’histoire de la naissance de « la femme de sable ». Le public, composé de 500 invités, a pu découvrir une facette de la culture mangarévienne encore méconnue à Tahiti. Les mélodies hypnotiques et les pas de danse répétitifs (« pe’i« ) ont su transmettre la « vibration mangarévienne » à laquelle Joseph Kaiha, ministre du Patrimoine culturel, a fait référence.
Un voyage vers le passé
Pour les habitants de Mangareva, ce retour aux sources va bien au-delà du simple aspect artistique. Au XIXème siècle, beaucoup de ces statues avaient échappé à la destruction organisée des « idoles » dans le cadre des conversions religieuses forcières. Elles avaient alors trouvé refuge soit en Europe, soit aux États-Unis, dans des musées ou des institutions religieuses. Aujourd’hui, cette exposition exceptionnelle permet de retrouver partiellement ce patrimoine confisqué, et de renouer avec une partie perdue de leur histoire.
Des pièces uniques
L’événement a attiré plusieurs figures du milieu muséal, dont des représentants du musée du Quai Branly, du musée de Cahors, du musée de La Rochelle, et du musée ethnologique du Vatican, qui ont contribué en fournissant certaines des œuvres. Bien que les collections du British Museum de Londres et du Metropolitan Museum of Art de New York n’aient pas pu être présentes, les dix statues exposées demeurent un trésor inestimable, en général conservées précieusement loin des regards. Parmi elles, huit « tiki » offrent un témoignage exceptionnel par leur esthétique peu commode.
Cette occasion est une rare opportunité d’admirer de telles pièces, souvent invisibles du grand public et rarement exposées. Pour approfondir l’expérience culturelle, l’exposition inclut également un espace documentaire. Il couvre diverses thématiques, de l’archéologie à l’histoire, en passant par la botanique, la formation des atolls, la perliculture, et même les essais nucléaires.
Enfin, pour ceux qui n’ont pu assister à l’inauguration officielle, une seconde cérémonie ouverte au grand public est prévue pour continuer la célébration, prévue dans les jardins du musée.
Dans un commentaire, une personne nommée Clairdelune a exprimé un souhait poignant en espérant que ces objets sacrés puissent un jour être restitués à leurs véritables propriétaires. Cela montre à quel point cette exposition suscite des sentiments forts, liant art, mémoire et identités culturelles.