Le Tãura polynésien conquiert Nice : Emmanuel Macron séduit par l’art du fenua

Le Tãura polynésien conquiert Nice : Emmanuel Macron séduit par l’art du fenua

Au cœur du sommet mondial de l’océan à Nice, le Tãura de la Mokarran Protection Society de Rangiroa a captivé les visiteurs les plus prestigieux. Emmanuel Macron et l’exploratrice Sylvia Earle ont été séduits par cette œuvre-totem qui incarne le lien sacré entre les Polynésiens et le tamataroa, le grand requin-marteau. Une reconnaissance internationale qui illustre la force du patrimoine culturel du fenua sur la scène mondiale.

Dans les allées feutrées de l’exposition « La Baleine » au sommet des océans de Nice, une silhouette sculptée attire irrésistiblement les regards. Le Tãura polynésien, prêté par la Mokarran Protection Society de Rangiroa, se dresse comme un gardien ancestral au milieu des technologies marines les plus modernes. Cette œuvre chargée du mana des atolls des Tuamotu a réussi l’exploit de captiver les personnalités les plus influentes de la planète océan.

Lorsque Emmanuel Macron s’est arrêté devant cette sculpture emblématique, c’est toute la spiritualité polynésienne qui s’est exprimée dans ce dialogue silencieux entre le président de la République et l’art du fenua. À ses côtés, Sylvia Earle, figure légendaire de l’exploration sous-marine, découvrait elle aussi la profondeur culturelle de cette représentation du tamataroa, ce grand requin-marteau vénéré dans la tradition polynésienne.

Cette reconnaissance au plus haut niveau témoigne de la réussite d’une démarche unique : porter la voix de la Polynésie française dans les grands débats mondiaux sur l’avenir des océans, non pas seulement par la science ou la politique, mais par la force de sa culture millénaire.

Un ambassadeur culturel aux origines sacrées

Le Tãura exposé à Nice n’est pas une simple œuvre d’art. Cette sculpture traditionnelle incarne dans la culture polynésienne le lien spirituel qui unit l’homme au tamataroa, le grand requin-marteau. Dans la cosmogonie polynésienne, ce prédateur des lagons représente bien plus qu’une espèce marine : il est le gardien des eaux sacrées, le protecteur des pêcheurs et le symbole de la force tranquille des océans.

La Mokarran Protection Society, association de loi 1901 créée en 2019 à Rangiroa par trois moniteurs de plongée, a choisi de porter cette dimension culturelle au cœur de son combat pour la préservation de l’espèce. Face à la disparition de 80% de la population mondiale de grands requins-marteaux en soixante-dix ans, l’association a compris que la science seule ne suffirait pas.

« Le Tãura porte en lui toute la sagesse de nos ancêtres. Quand les visiteurs s’arrêtent devant lui, ils comprennent instinctivement que notre combat pour le tamataroa dépasse la simple protection d’une espèce. C’est notre âme polynésienne que nous défendons », explique un membre de l’association présent à Nice.

Quand la République française découvre le mana polynésien

La visite d’Emmanuel Macron devant le Tãura constitue un moment historique pour la représentation culturelle polynésienne sur la scène internationale. Le président de la République, accompagné de Sylvia Earle, s’est longuement attardé devant l’œuvre, interrogeant les représentants de l’association sur sa signification et son origine.

Cette attention présidentielle s’inscrit dans le contexte plus large des discussions sur les aires marines protégées en Polynésie menées lors de l’UNOC 2025. Mais elle révèle aussi la capacité unique de la culture polynésienne à transcender les clivages politiques et scientifiques pour toucher l’universel.

Sylvia Earle, océanographe de renommée mondiale et pionnière de l’exploration sous-marine, n’a pas caché son émotion face à cette représentation du lien homme-océan. Pour cette scientifique qui a consacré sa vie à la protection des océans, découvrir la dimension spirituelle polynésienne de cette relation a constitué une révélation.

Le rayonnement du fenua au-delà des frontières

La présence du Tãura à Nice illustre parfaitement la stratégie de la Mokarran Protection Society, qui articule son action autour de quatre pôles complémentaires :

  • Mokarran Science : recherche scientifique sur le grand requin-marteau
  • Mokarran Exploration : expéditions et collecte de données
  • Mokarran Académie : sensibilisation et éducation
  • Mokarran Fenua : valorisation du patrimoine culturel polynésien

C’est précisément ce dernier volet qui trouve aujourd’hui sa consécration à Nice. En choisissant de porter le Tãura au cœur de l’UNOC, l’association démontre que la protection de l’environnement ne peut se concevoir sans la préservation des cultures qui ont su, pendant des millénaires, vivre en harmonie avec la nature.

Cette approche résonne particulièrement dans le contexte des enjeux de protection marine en Polynésie française, où les savoirs ancestraux et les méthodes scientifiques modernes convergent vers un même objectif de préservation.

Un succès qui dépasse les espérances

L’affluence autour du Tãura polynésien a surpris jusqu’aux organisateurs de l’exposition. Visiteurs français et internationaux se pressent pour découvrir cette œuvre qui leur offre une approche inédite des enjeux océaniques. Loin des discours techniques habituels des sommets internationaux, le Tãura propose une approche sensible et spirituelle qui touche directement le cœur.

Les réseaux sociaux de la Mokarran Protection Society témoignent de cet engouement, avec des publications qui cumulent des milliers d’interactions. Cette viralité digitale démultiplie l’impact de la présence polynésienne à Nice, touchant bien au-delà des seuls participants physiques au sommet.

« Nous n’espérions pas un tel retentissement. Le Tãura parle à tous, quelle que soit leur culture d’origine. C’est la preuve que notre message universel de respect de l’océan trouve un écho partout dans le monde », se réjouit l’équipe de l’association.

Perspectives pour le patrimoine culturel polynésien

Le succès du Tãura à Nice ouvre de nouvelles perspectives pour la valorisation du patrimoine culturel polynésien sur la scène internationale. Cette reconnaissance démontre que la Polynésie française dispose d’atouts culturels uniques pour porter sa voix dans les grands débats mondiaux.

Au-delà de la seule protection du tamataroa, cette expérience niçoise pourrait inspirer d’autres initiatives culturelles polynésiennes sur la scène internationale. Elle prouve que l’art et la spiritualité du fenua constituent des vecteurs d’influence aussi puissants que la diplomatie traditionnelle.

Pour la Mokarran Protection Society, cette consécration marque une étape décisive dans sa mission de sensibilisation. L’association envisage désormais d’autres collaborations internationales, toujours avec cette approche unique qui mêle science moderne et sagesse ancestrale polynésienne.

Le Tãura continuera son voyage après Nice, portant partout où il passera ce message d’harmonie entre l’homme et l’océan qui constitue l’essence même de l’identité polynésienne. Une identité qui, grâce à cette expérience niçoise, rayonne désormais bien au-delà des frontières du Pacifique Sud.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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