La suspension du mouvement de grève des agents de la FRAAP, annoncée mardi soir, n’a pas suffi à dissiper les inquiétudes dans les archipels. Après plusieurs jours de perturbations dans les aéroports, habitants et professionnels du tourisme dénoncent des conséquences économiques durables et appellent à une sortie de crise rapide.
Une mobilisation sans précédent qui a isolé les îles
Depuis la fin juin, la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (FRAAP) a mobilisé plus de 5 500 agents, paralysant 43 aérodromes à travers le fenua. Ce mouvement social, centré sur la revalorisation du point d’indice des agents publics, a isolé temporairement de nombreuses îles et fragilisé l’économie locale. Si la suspension du mouvement permet une reprise progressive du trafic aérien, l’incertitude demeure pour les habitants et les professionnels, qui redoutent de nouvelles perturbations et réclament des solutions pérennes.
Des liaisons aériennes perturbées
- Vols annulés ou retardés sur la majorité des lignes inter-îles
- Quelques aéroports (Bora Bora, Raiatea, Rangiroa, Rarotonga, Fakarava, Ahe) restés ouverts mais avec horaires modifiés
- Passagers invités à consulter les horaires en temps réel et à anticiper des changements de dernière minute
« Impossible de rattraper les annulations. Que faire avec les employés ? Les mettre au chômage technique ? Un pays instable, ce n’est pas bon pour le business ! »
Georges Gramont, propriétaire d’une pension à Hiva Oa
Des conséquences économiques et sociales majeures
La grève a eu un impact direct sur le secteur du tourisme, déjà fragilisé par la crise sanitaire. Les pensions de famille et hôtels des archipels ont enregistré une vague d’annulations, mettant en difficulté de nombreux professionnels. L’isolement temporaire de certaines îles a également compliqué l’acheminement des marchandises et l’accès aux soins.
Impact | Conséquences |
---|---|
Tourisme | Annulations massives, pertes financières, incertitudes sur la saison |
Vie quotidienne | Difficultés d’approvisionnement, reports de rendez-vous médicaux |
Emploi local | Risque de chômage technique pour les employés du secteur touristique |
Pour mieux comprendre l’ampleur du mouvement et ses répercussions, retrouvez notre dossier spécial sur la grève générale en Polynesie.
Un dialogue social sous tension
La principale revendication de la FRAAP porte sur la revalorisation du point d’indice des agents publics, refusée par le gouvernement qui privilégie une négociation globale à l’automne. Le président du Pays, Moetai Brotherson, propose un dispositif d’écoute individuelle pour les agents en difficulté, une mesure jugée « humiliante » par le syndicat.
- Absence d’accord après plusieurs jours de négociations
- La FRAAP annonce la suspension du mouvement mais maintient la pression
- Le syndicat se tourne vers l’Inspection du travail pour obtenir un « accord juridique »
« Les dégâts sont déjà là », résume un acteur du secteur touristique, qui redoute une reprise difficile de l’activité.
Pour un éclairage sur la situation vécue dans les archipels, consultez notre article la grève générale isole les îles de Polynésie.
Heiva i Tahiti 2025, symbole d’une Polynésie sous tension
La menace qui a pesé sur l’organisation du Heiva i Tahiti 2025 menacé par une grève a illustré la fragilité des grands événements culturels face aux mouvements sociaux. Si la suspension de la grève permet la tenue du festival, les organisateurs et participants restent vigilants quant à l’évolution du dialogue social.
Perspectives et attentes
- Une reprise du trafic aérien progressive mais sous surveillance
- Des négociations à poursuivre à l’automne pour éviter de nouveaux blocages
- Une demande forte des acteurs locaux pour un dialogue social apaisé et des solutions durables
La grève de la FRAAP a mis en lumière la vulnérabilité des liaisons inter-îles et l’importance du dialogue social en Polynésie française. Les conséquences économiques et humaines sont jugées importantes, notamment pour les professionnels du tourisme et les populations des îles éloignées. Le dossier reste ouvert, dans l’attente d’un accord global entre syndicats et gouvernement.