La suspension du mouvement de grève générale par la FRAAP a permis une reprise progressive des activités en Polynésie française. Mais derrière ce soulagement apparent, l’incertitude demeure pour les habitants et les acteurs économiques des archipels, toujours exposés aux conséquences d’un conflit social non résolu.
Un retour progressif à la normale, sous le signe de la vigilance
Après plusieurs jours de paralysie, la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (FRAAP) a choisi de suspendre son appel à la grève générale à durée illimitée. Cette décision a permis la réouverture des 43 aérodromes du territoire et la reprise des liaisons inter-îles, vitales pour l’économie et la vie quotidienne des archipels.
« Impossible de rattraper les annulations. Que faire avec les employés ? Les mettre au chômage technique ? Un pays instable, ce n’est pas bon pour le business ! » confie Georges Gramont, propriétaire d’une pension à Hiva Oa.
Les annulations massives de séjours, les difficultés d’approvisionnement et les retards dans les évacuations sanitaires ont mis en difficulté de nombreux acteurs économiques, notamment dans les îles éloignées. Pour approfondir l’impact sur les liaisons et la vie insulaire, voir notre article La grève générale en Polynésie isole les îles.
Des revendications sociales au cœur des tensions
Au centre du conflit, la revalorisation du point d’indice des agents publics, revendiquée par la FRAAP pour les 5 500 agents concernés, en particulier ceux de catégorie D. Le gouvernement a proposé une hausse jugée insuffisante par les syndicats, qui réclament une augmentation plus significative pour faire face au coût de la vie croissant en Polynésie.
Face à l’absence d’accord, la FRAAP a choisi la voie de la médiation, sollicitant l’Inspection du travail pour tenter de rétablir le dialogue. Le syndicat a également décidé de faire appel de la décision de justice ayant jugé la grève illicite, contestant le non-respect de la procédure de conciliation obligatoire.
Pour un rappel des revendications et du contexte du mouvement, lire Grève de la FRAAP : le point sur les revendications.
Tableau – Conséquences principales de la grève
| Secteur | Conséquences principales |
|---|---|
| Tourisme | Annulations, pertes financières, incertitude sur la saison |
| Vie quotidienne | Difficultés d’approvisionnement, reports de rendez-vous médicaux |
| Emploi local | Risque de chômage technique pour les employés du secteur touristique |
Des archipels fragilisés, une population sous tension
L’isolement temporaire de certaines îles a révélé la vulnérabilité des liaisons inter-îles et la dépendance des archipels aux services publics. Les populations locales expriment leur lassitude face à la répétition des mouvements sociaux et appellent à des solutions durables.
- Touristes et familles ont été bloqués, parfois plusieurs jours, dans les îles.
- Professionnels de santé et patients ont vu leurs déplacements retardés, compliquant la prise en charge médicale.
- Chefs d’entreprise des archipels s’inquiètent pour la saison touristique, déjà fragilisée.
Pour comprendre comment la grève a impacté la saison du Heiva i Tahiti, consultez Heiva i Tahiti 2025 : la tradition plus forte que la grève ?.
Dialogue social : la pression reste forte
Si la suspension de la grève a permis la tenue du Heiva i Tahiti, événement culturel majeur, le climat social demeure tendu. Les représentants syndicaux dénoncent une absence de reconnaissance et de justice sociale, tandis que le gouvernement mise sur une négociation globale à l’automne. La FRAAP, de son côté, maintient la pression et n’exclut pas une reprise du mouvement si aucune avancée n’est obtenue.
« On ne veut pas partir en grève, on essaie de trouver d’autres moyens… Hier, les groupes étaient complètement en désarroi », explique Gérard Barff, secrétaire général délégué de la FRAAP.
Pour un aperçu du contexte général et des précédents mouvements, voir aussi Grève générale en Polynésie : retour sur un conflit inédit.
Quelles perspectives pour la Polynésie ?
- Reprise progressive des activités, mais vigilance sur la stabilité des liaisons inter-îles.
- Négociations à poursuivre à l’automne pour éviter de nouveaux blocages.
- Attente forte d’un dialogue social apaisé et de mesures concrètes pour les agents publics et les populations des îles.
La crise de la FRAAP a mis en lumière les fragilités structurelles de la Polynésie française et la nécessité d’un dialogue social renouvelé, capable de répondre aux attentes des agents publics tout en préservant la vitalité économique et sociale des archipels.
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